Monument aux morts de Peterborough 1921-1929
Le Monument aux morts de Peterborough présente deux figures allégoriques en bronze, chacune sur un bloc de granit blanc, et symbolise le triomphe de la civilisation sur la barbarie. La figure personnifiant la Civilisation est campée dans une attitude autoritaire, sa main droite tenant une épée tandis que sa gauche est tendue vers la figure de la Dissension qui bat en retraite, son bras droit couvrant son visage en signe de désespoir tandis qu’une torche éteinte pend de sa main gauche. Le thème et le style de l’œuvre sont similaires à ceux du Monument aux morts de Stratford, 1919-1922, mais il s’en dégage une émotion plus vive. L’œuvre se distingue également de celle de Stratford par son emplacement. En effet, tandis que cette dernière occupe à l’origine un petit terrain triangulaire, celle de Peterborough, érigée dans un parc de la ville, donne à Allward une première occasion de penser l’œuvre dans son cadre mais aussi le paysage environnant, exercice qu’il répétera à grande échelle pour le Mémorial de Vimy, 1921-1936.
Les démarches pour élever un monument en mémoire des morts de Peterborough sont initiées par la branche locale de la Croix-Rouge canadienne à la fin de 1919. Le Citizen’s Memorial Committee, créé en décembre 1920, mène à bien le projet. Le site choisi est Central Park (rebaptisé plus tard Confederation Park), ayant servi de point de rassemblement pour les soldats qui partaient combattre en Europe ou qui rentraient au bercail. À l’instar de nombreux projets canadiens de cette nature, le financement provient principalement de petites contributions des résidents de la municipalité. Le projet final d’Allward est enfin approuvé en juin 1921.
Pressé d’achever le Monument aux morts de Stratford, Allward ne parviendra pas à terminer les travaux à Peterborough avant de s’embarquer pour l’Europe en juin 1922. En 1925, il retarde encore le projet pour se concentrer sur le Mémorial de Vimy. L’année suivante, il cède aux pressions du comité et engage le sculpteur britannique Gilbert Bayes (1872-1953) pour finir les deux figures de bronze à Londres. Travaillant à partir des figures demi-grandeur d’Allward, Bayes achève les modèles grandeur nature et supervise la préparation des versions en plâtre qui sont ensuite envoyées à la Thames Ditton Foundry dans le Surrey, en Angleterre, pour y être coulées. L’excavation du site a lieu sous la direction du fils d’Allward, Hugh, en mai 1928. Les marches de granit formant la base et les piédestaux, dont l’un porte les noms des disparus de la Première Guerre mondiale, sont rapidement installées, suivies des figures de bronze.
Dédié aux 717 hommes et femmes de la communauté tués à l’étranger, le mémorial est inauguré le 30 juin 1929 par sir Arthur Currie, ancien commandant du Corps canadien, et le révérend chanoine F. G. Scott, archidiacre du Québec et directeur des services d’aumônerie de l’Armée canadienne. Le colonel H. C. Osborne de la Commission impériale des sépultures militaires prend également la parole lors de l’événement, décrivant le monument comme « une contribution précieuse à l’art canadien et un mémorial qui nous sera de plus en plus cher au fil des ans. »
L’œuvre d’Allward sera modifiée pour la dernière fois en 1978, par l’ajout de plaques de bronze portant les noms des morts de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée aux blocs de granit s’élevant de la base. De même, des plaques de bronze incisées des noms des disparus de la Première Guerre mondiale seront également fixées, recouvrant les gravures d’origine.