Après Phaéton 2013

Tim Whiten, After Phaeton (Après Phaéton), 2013
Verre en cristal décapé au jet de sable fabriqué à la main, verre ionisé et accessoires en laiton, 167,6 x 243,8 x 58,4 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto
Pour Whiten, le verre n’est pas qu’un matériau pour la création de sculpture, c’est une matière transcendantale, capable de transmettre la lumière à des degrés divers, comme pour faciliter le passage entre deux mondes. Le char lumineux à deux roues imaginé par l’artiste, Après Phaéton, est construit en verre décapé au jet de sable et orné d’accessoires en laiton. Whiten a réduit la taille du char à deux reprises avant d’arriver à une solution permettant au poids du chariot d’être supporté par l’essieu tout en garantissant que le véhicule reste à l’échelle humaine. Un disque élancé fixé au sommet représente le soleil. Coincées entre des couches de verre cristallin, les couleurs du disque – orange, vert, violet, bleu – apparaissent et disparaissent en fonction de la lumière et de la perspective de la personne qui l’observe, ce qui coïncide avec notre perception du soleil. Des motifs décoratifs d’ailes embellissent la surface du char, donnant une impression de mouvement. Une rose caractéristique apparaît au cœur des roues, juste en dessous du soleil.


Dans la mythologie grecque, Phaéton (ou Phaéthon) est le fils d’Hélios, dieu du soleil, et d’une nymphe/femme qui s’appellerait Clymène; en soi, il est à moitié mortel et à moitié divin. Selon les livres I et II des Métamorphoses d’Ovide, le jeune Phaéton, désireux de prouver sa paternité divine, demande à conduire le char du Soleil de son père à travers les cieux pendant une seule journée. Hélios finit par céder, mais Phaéton est incapable de diriger les coursiers immortels et perd le contrôle du char. S’approchant trop près de la terre, il la brûle. Pour éviter tout dommage supplémentaire, Zeus lance la foudre sur Phaéton et le tue.
Les sujets mythologiques grecs et romains sont courants dans la peinture de la Renaissance, comme l’illustre La chute de Phaéton, v.1604/1605, de Peter Paul Rubens (1577-1640). Se détachant du canon de l’histoire de l’art occidental, l’interprétation de Whiten révèle un char vide; en l’absence de représentation figurative, la personne spectatrice est impliquée, comme si elle était un personnage du récit. Dans ce mythe grec classique, le fils d’Hélios n’est pas prêt à conduire le char de son père; comme Paul, le jeune garçon de l’histoire de D. H. Lawrence qui a inspiré Lucky, Lucky, Lucky (Chanceux, chanceux, chanceux), 2010, Phaéton n’est pas en mesure de maîtriser les forces magiques qui l’entourent. À l’instar de Clycieun, 1991, l’unicycle simplifié de Whiten, Après Phaéton souligne notre ambition aveugle d’atteindre un ordre supérieur, sans faire la préparation nécessaire et consentir au sacrifice que ce voyage vers l’illumination implique.