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Profonde respiration dans le jardin 2008-2010

Profonde respiration dans le jardin, 2008-2010

Suzy Lake, Extended Breathing in the Garden (Profonde respiration dans le jardin), 2008-2010

Diapositive sur papier Fujitrans réalisée à partir d’une imprimante LightJet, 76,2 x 101,6 cm;
cabine d’éclairage, 88,3 x 113,7 x 3,8 cm

Georgia Scherman Projects, Toronto

Dans Profonde respiration dans le jardin, Lake se tient debout dans son jardin après le coucher du soleil. Elle a photographié la scène avec un temps d’exposition d’une heure et, bien que l’arrière-plan soit net, sa silhouette reste floue, à l’exception de ses jambes et de ses pieds parfaitement au foyer. Le résultat ressemble aux photographies de la dernière partie du dix-neuvième siècle, quand la technologie des appareils limitait la captation aisée du mouvement. Lake présente son œuvre sous forme de diapositive couleur fixée dans une cabine d’éclairage. Cette photo-performance fait partie de la série Extended Breathing (Profonde respiration), 2008-2014, de Lake – soit onze images dans lesquelles elle se met au défi de rester parfaitement immobile pendant une heure, son seul mouvement étant celui provoqué par l’action essentielle de respirer.

 

Dans d’autres images de la série Profonde respiration, Lake prend des photos à l’extérieur de sa maison à différents moments du jour ou de la nuit. Le titre et le concept suggèrent tous deux un état méditatif, qui en réalité n’a pas toujours été atteint comme le raconte Lake : « Pendant que je suis debout pour une heure, je conçois l’image dans mon imagination, mais ce à quoi je pense n’est pas prévisible. Parfois, je suis dans un état méditatif, parfois je réagis à mon corps, parfois à un souvenir. »

 

Suzy Lake, Extended Breathing on the DIA Steps (Profonde respiration dans les marches du DIA), 2012/2014, épreuve chromogène réalisée à partir d’une imprimante LightJet, 152,4 x 113 cm, Georgia Scherman Projects, Toronto.
Suzy Lake, Extended Breathing at the World Trade Center (Profonde respiration au World Trade Centre), 2012/2014, épreuve chromogène réalisée à partir d’une imprimante LightJet, 152,4 x 113 cm, Georgia Scherman Projects, Toronto.

La série Profonde respiration explore également les éléments de la durée, du mouvement et de la perception dans de nombreux endroits différents. Lake élargit le projet à des sites publics présentant un intérêt personnel et historique, notamment le Trafalgar Square de Londres, le World Trade Center de New York ou le Detroit Institute of Arts. Dans sa photographie de Trafalgar Square, les traces de piétons ou de personnes assises sont spectrales ou ont disparu, alors que l’immobilité relative de Lake donne à son apparence une qualité monumentale qui l’assimile aux éléments du fond de la composition.

 

Deux photographies de Profonde respiration prises au Detroit Institute of Arts rassemblent le personnel et le politique. L’une est prise sur les marches du musée en 2012, alors que l’institution traverse une crise existentielle : la ville ayant déclaré faillite, les créanciers tentent de réclamer les œuvres d’art de la collection. L’autre est prise dans une vaste salle du musée en 2013, devant une fresque monumentale de Diego Rivera (1886-1957) réalisée au début des années 1930 qui représente des travailleurs dans l’une des usines de la ville. La photographie témoigne donc non seulement de l’enfance de Lake dans le Détroit du milieu du siècle dernier, mais aussi de l’équilibre atteint à cette époque par les syndicats, les propriétaires d’entreprises et les organismes gouvernementaux de réglementation – un ordre qui, lorsque bouleversé dans les années 1970, conduit à l’échec économique de la ville. Ces œuvres, simples en apparence, entrelacent de multiples histoires.

 

Le flou, signifiant au sein d’œuvres telles que Choreographed Puppets (Marionnettes chorégraphiées), 1976-1977, est également une caractéristique notable de la série Profonde respiration. Le flou réapparaît dans la série Performing Haute Couture (La haute couture en spectacle), 2014, produite pour la rétrospective de Lake au Musée des beaux-arts de l’Ontario, Introducing Suzy Lake (À la découverte de Suzy Lake), dans laquelle l’artiste se tient immobile dans son élégant costume gris perle Comme des Garçons, mais lève lentement le bras, ce qui provoque un flou marqué de l’image sur sa manche. En tant qu’œuvres d’une femme artiste dans la soixantaine, ces images explorent l’endurance et la présence stoïque des femmes dans l’espace social et politique en général. Elle ne se transforme plus, comme elle le fait dans Suzy Lake as Gary William Smith (Suzy Lake en Gary William Smith), 1973-1974, et ne lutte plus contre tout contrôle, comme dans Marionnettes chorégraphiées, 1976-1977, ou ImPositions #1 (ImPositions no 1), 1977.

 

Profonde respiration dans le jardin représente un moment de calme en fin de journée dans un espace privé. Bien que cette image situe Lake à un moment et à un endroit précis de sa vie, elle signale aussi qu’elle fait toujours partie du monde qui l’entoure.

 

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