Peu d’artistes du vingtième siècle peuvent se targuer d’être des fers de lance de la remise en valeur d’une culture. Iljuwas Bill Reid (1920-1998) est l’un d’eux. Né au sein d’une famille d’ascendance mixte de la ville de Victoria en Colombie-Britannique, il est toutefois privé de l’héritage haïda de sa mère dans sa jeunesse. Il devient tout de même l’un des plus importants artistes de la côte du Nord-Ouest de notre époque. Iljuwas Bill Reid : sa vie et son œuvre présente l’incroyable parcours de cet homme qui, malgré les réalités du colonialisme, se forge avec ténacité une pratique artistique qui célèbre les façons de voir et de faire des Haïdas.
Bill Reid travaille d’abord comme communicateur à la radio avant de s’établir comme joaillier de renom. Suivant les traces de son arrière-grand-oncle, le maître-artiste Daxhiigang (Charles Edenshaw), il adapte de manière innovante la vision du monde des Haïdas à celle de l’époque où il vit. Éventuellement, il réalise de célèbres œuvres de grande envergure qui se trouvent aujourd’hui dans des sites d’importance internationale comme l’ambassade du Canada à Washington, D.C. et le Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver. Passionnément impliqué dans une culture dont les pratiques ont autrefois été bannies par la Loi sur les Indiens, Reid embrasse et suscite un changement qui génère des symboles pour sa nation. Voilà son héritage : une histoire complexe de puissance, de résilience et de force.
« Reid éprouve une grande joie à créer de l’art. En demeurant fidèle à la compréhension haïda, l’artiste recommande de prendre des précautions à chaque instant et avec chaque partie invisible, car, ultimement, l’œuvre n’est pas destinée qu’aux yeux humains, mais bien à ceux des êtres surnaturels et à ceux des ancêtres. »Gerald Mcmaster
L’universitaire acclamé Gerald McMaster dépeint de manière experte le récit de la vie de Bill Reid. Il plonge dans la pratique de l’artiste, lequel incarne le Corbeau, un coquin qui transforme le monde. Il examine comment, toute sa vie, Reid pose un regard critique sur son art, ce qui lui permet d’acquérir un sentiment d’identité, un but et un impact. Pendant sa carrière, qui s’échelonne sur cinquante ans, Reid est prolifique et éloquent : il crée plus d’un millier d’œuvres originales et rédige des dizaines de textes exprimant sa vision et les enjeux culturels de son époque. On se souvient de lui comme d’un artiste passionné et un activiste communautaire, un mentor et un auteur inflexible.
Gerald McMaster, OC, est l’un des universitaires canadiens les plus admirés et estimés. Il est conservateur, artiste et auteur en plus d’être actuellement professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur la culture visuelle et la pratique curatoriale autochtones de l’Université de l’ÉADO. Il dirige également une équipe de chercheurs au Wapatah: Centre for Indigenous Visual Knowledge. McMaster a été commissaire à la Biennale de Venise (1995), directeur artistique de la Biennale de Sydney (2012) et commissaire de la Biennale de Venise en architecture (2018). Il est nêhiyaw (Cri des plaines) et un membre de la Première Nation de Siksika.