Alors que le monde est confronté à des bouleversements sans précédent, peu d’artistes abordent la question du chagrin et du deuil de manière aussi puissante que Betty Goodwin (1923-2008). Comptant parmi les figures phares de l’art contemporain au Canada, elle s’impose comme un talent singulier dans les années 1970. Née à Montréal, où elle s’est affirmée comme une présence artistique dominante tout au long de ses soixante ans de carrière, Goodwin a été élevée dans les années d’après-guerre au sein d’une communauté de peintres juifs engagés en faveur de la justice sociale. Dans les années 1960, elle est en quête d’une voix artistique plus personnelle. Sans cesse à l’écoute des maux du monde, elle crée une œuvre prolifique qui se déploie en peinture, en sculpture, en dessin et en gravure.
Dans Betty Goodwin : sa vie et son œuvre, l’autrice Jessica Bradley raconte la carrière remarquable de cette créatrice visionnaire, mettant en relief sa pratique inédite, à compter de 1968, consistant à passer des pièces de vêtement dans une presse à imprimer. Naissait ainsi la série Vest (Gilet), aujourd’hui estimée comme l’une des principales avancées de la gravure contemporaine, qui fait écho à la perte précoce, par l’artiste, de son père, qui était fabricant de gilets. Goodwin a reçu par la suite de nombreux encouragements : elle est acclamée par la critique pour sa contribution exceptionnelle à l’art du dessin, son œuvre est présentée à la Biennale de Venise en 1995, de même qu’elle reçoit le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques et est décorée de l’Ordre du Canada en 2003.
« Essentiellement autodidacte, Goodwin trouve sa voix artistique propre en milieu de vie, grâce à ses emblématiques estampes de gilets. Les installations, sculptures et dessins qui suivent cette production ont consacré l’artiste comme l’une des plus célèbres au Canada. N’abandonnant jamais son engagement envers l’art figuratif, dans lequel le corps agit telle une métaphore de la mémoire, du deuil et de la fragilité de la vie, l’artiste réinvente continuellement son expression de la condition humaine. »
JESSICA BRADLEY
Bien que l’artiste ait fait l’objet de nombreuses expositions individuelles de son vivant et de manière posthume, Betty Goodwin : sa vie et son œuvre est le premier survol exhaustif, composé originalement en anglais, consacré à la carrière de l’artiste depuis sa mort.
À propos de l’autrice
Jessica Bradley est une éminente historienne de l’art, conservatrice et ancienne galeriste qui a publié beaucoup d’ouvrages et dirigé nombre d’expositions dans quelques-unes des institutions les plus reconnues au Canada. Elle a été conservatrice de l’art contemporain au Musée des beaux-arts de l’Ontario (1995-2004), conservatrice associée de l’art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada (1980-1987) et commissaire pour la représentation du Canada à la Biennale de Venise à trois reprises. Fondatrice de sa propre galerie commerciale à Toronto, elle a chapeauté plus de quatre-vingts expositions de 2005 à 2015 consacrées à la génération artistique émergente.
Image de bannière : Betty Goodwin, Untitled (Sans titre), détail, de la série Swimmers (Figures nageant), 1982, huile, pastel gras, mine de plomb sur papier, 76,9 x 108,3 cm. Collection du Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto, don de Martin et Betty Goodwin à la mémoire de Clare Roodish et Paul Goodwin, avec le soutien du Comité des bénévoles à l’occasion de son cinquantième anniversaire, 1996 (96/285). © Succession Betty Goodwin. Mention de source : MBAO.
Photo de l’artiste : Richard-Max Tremblay, Betty Goodwin, détail, 1987, tirage 2001, épreuve à la gélatine argentique, 50,4 x 40,4 cm. Collection du Musée des beaux-arts de Montréal, don de Richard-Max Tremblay (inv.2004.295). © Richard-Max Tremblay. Mention de source : MBAM.