« Quand je suis allée à Harvard, j’avais décidé que je voulais être dans le monde muséal, alors j’ai suivi un cours qui se déroulait au Fogg Museum de l’université. Nous étions dix dans ce cours, la plupart étaient déjà des directeurs de musées et étaient venus d’Europe à la recherche d’un poste aux États-Unis. En 1945, Paul J. Sachs, le directeur du Fogg, nous a emmenés à la National Gallery of Art à Washington. Il nous a montré les voûtes, qui contenaient des trésors envoyés depuis l’Europe durant la guerre pour qu’ils soient en sécurité.
« Il y avait bien sûr des gardes partout. Les tableaux étaient sur des rayonnages coulissants, mais il y avait beaucoup d’autres objets plus petits disposés sur des tables. Nous étions si près que nous pouvions presque les toucher. C’est ce tableau de Rogier van der Weyden qui m’a fait le plus grand effet parmi toutes les œuvres que j’ai vues. J’ai été profondément émue devant ce petit portrait […] son élégante simplicité […] sa dignité et le sentiment profond de piété qui se dégagent par la pose de la portraiturée avec ses yeux baissés, combinés au traitement formel que fait l’artiste de la figure exprimée avec une ligne fluide et gracieuse et le modelé précis du visage et de la coiffe. Tout au long de mes années d’étude, j’ai adoré les peintres de la Renaissance nordique – van der Weyden, Vermeer et d’autres. »
Une vie en art
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Rogier van der Weyden, Portrait d’une dame, v. 1460
Huile sur bois, 37 x 27 cm, collection de la National Gallery of Art, Washington, D. C.