Quand l’artiste et émigrée russe Paraskeva Clark (1898-1986) arrive au Canada depuis l’Europe, elle déplore que l’art de son nouveau pays ne soit que « paysages, paysages, paysages ». Pourtant, au cours des années qui allaient suivre, elle a elle-même produit plus de paysages que de natures mortes, de portraits ou de tableaux à caractère social, ces derniers lui valant sa réputation actuelle.
Clark peint Champ de blé dans les environs d’Inglewood, en Ontario, à quelques kilomètres au nord-ouest de Toronto. En effet, la famille commence à fréquenter les collines de Caledon vers 1934, et la région reste source d’inspiration pour Paraskeva jusqu’au début des années 1950. Le tableau fait voir sa compréhension des masses, les formes y sont modelées au moyen de la couleur. Car Clark ne dessine pas avec la peinture : elle sculpte. Dans son paysage, l’horizon et le point de vue en hauteur sont redevables aux théories de la perspective du professeur de Paraskeva, Kouzma Petrov-Vodkine (1878-1939). Le ciel est réduit à une fine bande tout en haut de la toile.
Dans une critique de l’Art Digest (New York) de 1936, le critique d’art Graham McInnes a rendu hommage à Clark qui a, selon lui, enrichi la scène canadienne de sa sensibilité naturelle et de son habileté à concevoir les relations plastiques entre les formes. Dans cette œuvre, elle adapte parfaitement sa formation russe à un sujet canadien.
Cette rubrique en vedette est extraite de Paraskeva Clark : sa vie et son œuvre par Christine Boyanoski.