Femme et enfant à la tête aplatie, Caw-wacham est un des tableaux les plus célèbres de Paul Kane (1810-1871), un artiste du dix-neuvième siècle ; il s’agit également d’une de ses œuvres les plus controversées. On y voit une femme tenant un enfant dont la tête est en cours de remodelage ; le profil de la femme nous montre le résultat de cette procédure traditionnelle. Inspirée par sa rencontre avec les peuples autochtones de la vallée du fleuve Columbia, cette image composite est basée sur des aquarelles distinctes consacrées aux membres de deux ou trois tribus différentes : les Cowlitz (l’enfant), et les Songhees ou les Salish de la côte sud (la femme).
Les réactions suscitées par Femme et enfant à la tête aplatie au dix-neuvième siècle abordent tant les considérations esthétiques qu’ethnographiques. On apprécie la peinture autant pour les couleurs du paysage en arrière-plan que pour le fait qu’il s’agit d’un « trait représentatif des coutumes indiennes ».
De nos jours, les commentaires portant sur cette œuvre sont plus critiques. L’historienne de l’art Heather Dawkins aborde Femme et enfant à la tête aplatie dans une perspective postcoloniale, prenant Kane à partie en raison du point de vue impérialiste victorien que reflète son absence totale d’égard pour les distinctions entre peuples autochtones. Compte tenu du fait que l’artiste exploite le thème de « la mère et de l’enfant » à une époque où la culture occidentale fait preuve d’un respect croissant envers les enfants, Dawkins remet en question les raisons pour lesquelles Kane choisit de dépeindre cette coutume. S’agit-il d’une vision romantique de la vie autochtone ou d’une critique intentionnelle de leur culture?
Cette rubrique en vedette est extraite de Paul Kane : sa vie et son œuvre par Arlene Gehmacher.