Paterson Ewen (1925-2002) s’éloigne des portraits, tout comme il s’éloigne des gens; ils le mettent mal à l’aise. Pourtant, en 1989, Ewen déclare : « Les gens me considèrent comme un peintre de paysage parce que j’ai fait des centaines d’images de paysages, mais ma demi-douzaine de portraits sont mes plus grandes œuvres. » L’homme aux bandages est sans doute le plus connu des portraits réalisés par l’artiste. Comme Ewen lui-même, ce portrait est gauche, troublant et bouleversant. L’homme aux bandages témoigne du long processus de guérison d’Ewen après une période traumatisante de huit ans qui a commencé lorsqu’il a quitté sa première femme, Françoise Sullivan (née en 1923), en 1965.

 

Paterson Ewen, The Bandaged Man, 1973

Paterson Ewen, The Bandaged Man (L’homme aux bandages), 1973

Acrylique et toile sur contreplaqué, 243,8 x 121,9 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

L’homme aux bandages est inspiré d’une gravure à l’eau forte qui accompagnait une entrée sur les différents types de bandages dans une encyclopédie. Comme Ewen l’explique :

 

Je me sentais un peu comme une épave après mon année à Toronto. Et au fur et à mesure que je progressais dans la réalisation de L’homme aux bandages, je me suis rendu compte qu’il me ressemblait de plus en plus. Il avait mon corps et cela devenait effrayant. Quand je me couchais le soir, je le tournais vers le mur. Il ne fait aucun doute que c’est une sorte d’autoportrait. Peut-être que c’est aller trop loin, mais je n’en suis pas si sûr. Tout ça pour dire que je l’ai peut-être fait à une époque où j’étais une épave et que j’avais besoin de bandages.

 

La couleur de fond rappelle les murs vert pâle de l’hôpital, un endroit qu’il ne connaît que trop bien.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Paterson Ewen : sa vie et son œuvre par John G. Hatch.

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