Le peintre canadien Homer Watson (1855-1936) est intrigué par le spiritisme tout au long de sa vie et, bien que ses écrits sur le sujet soient vagues, il semble avoir adhéré à une approche panthéiste qui cherche un sens transcendant dans les phénomènes naturels. « Toute la nature, jusqu’à l’horizon, émettait l’accord sombre qui serait à l’unisson avec le refrain des perdus et les cavernes de la forêt vibraient dans leur profondeur mystique », se souvient-il dans une description non datée de l’expérience d’un paysage nocturne. « [Tout] semblait relié par des liens invisibles et les limites de la terre semblaient s’élever dans les airs, comme connectées aux esprits d’autres mondes. »
La petite taille de l’œuvre est principalement due à plusieurs crises de santé qui entravent la capacité de Watson, âgé de 78 ans, à travailler à plus grande échelle. Et bien que l’épaisseur avec laquelle la toile est peinte, la perte correspondante de détails naturalistes, l’obscurité du paysage et les couleurs saisissantes du ciel et de la rivière ne sont pas des innovations à ce stade de la carrière de Watson, elles sont réunies ici avec une intensité nouvelle. Ruisseau au clair de lune existe donc en tant que déclaration de fin de carrière très personnelle d’un artiste déconnecté depuis une quinzaine d’années des développements de l’art canadien.
Cette rubrique en vedette est extraite de Homer Watson : sa vie et son œuvre par Brian Foss.