Même si l’art inuit de notre époque est florissant depuis le début des années 1950, il existe remarquablement peu d’œuvres qui décrivent l’artiste dans son rôle de créateur, ce qui rend cette autoreprésentation d’Oviloo Tunnillie (1949-2014) exceptionnelle. L’histoire de l’autoportrait artistique est longue; dans Autoportrait avec pierre à sculpter, Oviloo affirme sa position unique à l’intérieur d’une tradition mondiale.
Dans l’œuvre, l’artiste semble presque fusionnée avec son matériau. Son corps drapé dans une robe s’accroupit comme elle tient et stabilise un morceau de pierre à sculpter contre son torse et son visage. La texture brute et imparfaite de la serpentinite non sculptée permet au spectateur de se rendre compte de la transformation que l’artiste accomplit par son travail. La vie d’Oviloo a été dominée par le rôle de sculpteure qu’elle s’est attribué et c’est là l’un de ses thèmes les plus puissants et récurrents. Lors d’un entretien en 1998, Oviloo observe :
Quand j’y donnais la touche finale, je ne voulais pas enlever ce morceau [non sculpté] . . ., question que le public sache que c’est le type de pierre que nous sculptons avant de faire le finissage effectif. J’aime les sculptures qui ont des parties non finies. . . . C’est ce dont la pierre a effectivement l’air avant qu’elle ne soit finie.
Le processus artistique d’Oviloo est le sujet de certaines de ses sculptures les plus impressionnantes, dont celle-ci. Ses autoportraits en particulier expriment une vaste gamme d’émotions, de la profonde méditation, de l’effort physique et de la fierté à l’exaltation résultant d’actions créatrices.
Cette rubrique en vedette est extraite de Oviloo Tunnillie : sa vie et son œuvre par Darlene Coward Wight.