Moi-même, un audacieux autoportrait réalisé par Paraskeva Clark (1898-1986) pendant sa seconde grossesse, est l’une de ses œuvres les plus connues. Peu après son arrivée au Canada, elle est sollicitée pour le vernissage de l’exposition du Groupe des peintres canadiens de novembre 1933. Deux de ses peintures sont retenues, ce qui atteste sa stature comme moderniste et progressiste dans son nouveau pays. Elle conserve ensuite l’autoportrait jusqu’à ce que la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) l’achète en 1974. L’année suivante, l’établissement en fait la couverture du catalogue et l’affiche de l’exposition intitulée Peinture canadienne des années trente, qui rappelle la position de l’artiste dans l’art canadien.
Plusieurs auteurs commentent l’assurance qu’exsude le sujet de cette œuvre solidement construite. Appuyée sur une table basse placée devant une porte ouverte et occupant presque toute la hauteur de la toile, Clark paraît beaucoup plus grande que nature. L’effet est d’ailleurs accentué par un certain nombre d’artifices formels, comme la diagonale que forment les panneaux de la porte au dessus de sa tête en s’élevant vers la droite. Son rouge à lèvres caractéristique est la seule teinte vive d’une palette plutôt stricte.
Après tout, Clark voulait être actrice et la voici qui fait son entrée sur la scène canadienne de l’art moderne.
Cette rubrique en vedette est extraite de Paraskeva Clark : sa vie et son œuvre par Christine Boyanoski.