Erato, l’une des neuf Muses, est depuis longtemps associée à la poésie érotique. Dans ce tableau, le peintre québécois Ozias Leduc (1864-1955) la représente nue, debout, la tête relevée, son abondante chevelure retombant dans son dos. Le décor sylvestre semble propice à la rencontre de l’artiste avec la femme aimée, y compris celle désirée par-dessus tout, la muse, capable de porter les sources créatrices et de lui permettre d’enfanter son art. C’est un thème que les artistes de la fin du dix-neuvième siècle ont souvent traité, qu’ils soient préraphaélites, symbolistes, nabis ou même fauves.
La muse et la montagne sont indissociables pour Leduc qui projette sur le mont Saint-Hilaire un univers spirituel et sacré. Dans son récit L’histoire de Saint-Hilaire on l’entend, on la voit, l’artiste la décrit comme « remplie d’images de rêves qui peuplent les accidents de la matière. » Il continue : « Nous sommes au domaine entendu des élus de l’art, des poètes, des maîtres du son, domaine sacré et sans limite. »
Cette rubrique en vedette est extraite de Ozias Leduc : sa vie et son œuvre par Laurier Lacroix.