En 1955 commence la construction du siège administratif de la Compagnie Pétrolière Impériale au 111, avenue St. Clair Ouest, à Toronto, un gratte-ciel distinctif où travailleront 1200 personnes. Oscar Cahén (1916-1956) est invité à exécuter la décoration de la cafétéria et du salon du huitième étage. Il s’agit d’une commande très prestigieuse pour laquelle Cahén reçoit la somme princière de 7200 $ (le salaire annuel d’un ouvrier du secteur manufacturier est alors d’environ 5000 $). Il finalise l’œuvre quelques jours à peine avant sa mort, le 26 novembre 1956.
Pour les trois sections de mur et une colonne, l’artiste imagine un dessin curviligne inspiré de la nature, qui contraste fortement avec la structure mercenaire apparentée au modernisme international de l’édifice quadrillé de fenêtres distribuées très régulièrement. Destinés à animer un espace voué à la détente, barbelures et croissants interagissent gaiement avec de vastes zones pastel et d’autres de couleurs vives. Un motif solaire illumine le centre de la pièce, vaste mais plutôt sombre et relativement basse de plafond. Le critique Robert Fulford estime que l’artiste « a doté le nouveau bâtiment de la Compagnie Pétrolière Impériale de la touche la plus humaine, et de loin […] C’est l’une des plus belles peintures murales qu’il m’ait été donné de voir de la part d’un artiste canadien et ce pourrait bien être le chef-d’œuvre absolu de Cahén ». Pour Harold Town (1924-1990), ce dernier rompt avec ses influences antérieures et « monte pour la première fois dans une arène qui est entièrement sienne ».
Deux sections de l’œuvre sont déposées en 1979 à la veille de travaux de rénovation et seront bientôt l’objet de mesures de préservation; la troisième grande section de la murale ainsi que les petites sections qui ornaient la colonne sont présumées perdues.
Cette rubrique en vedette est extraite de Oscar Cahén : sa vie et son œuvre par Jaleen Grove.