En 1967, l’artiste Gershon Iskowitz (1919-1988), un survivant de l’Holocauste d’origine polonaise, crée une série de tableaux, ses premières compositions avec des formes « ovoïdes » « flottantes » sur un fond neutre. Ici, des formes rouge vif, effleurées de vert et de jaune sur leurs bords amorphes, flottent sur un fond clair. Chaque toile s’intitule Landscape (Paysage), précédé de spring « printemps », summer « été », ou autumn « automne ». Le groupe le plus important est « automne », avec huit variations numérotées. L’utilisation que fait Iskowitz du mot « paysage » dans le titre renforce l’interprétation que son œuvre puise son inspiration dans la nature, et il fait référence aux feuilles lorsqu’il parle des œuvres de 1967. Cependant, il donne rarement des détails sur ses inspirations et son processus au-delà de quelques réponses poétiques et idylliques répétées aux intervieweurs. Il s’attend à ce que les œuvres parlent d’elles-mêmes. Selon toute vraisemblance, Iskowitz a précisé les titres plutôt que de « peindre pour eux ».

 

Gershon Iskowitz, Paysage d’automne #2, 1967
Gershon Iskowitz, Autumn Landscape #2 (Paysage d’automne no 2), 1967

Huile sur toile, 129,5 x 99,1 cm, Art Gallery of York University, Toronto

Iskowitz dit de ses œuvres de 1967 que « tout tombait. Les feuilles tombaient. » Si cela est vrai, il les représente en chute, et non au sol. Les ovoïdes peuvent aussi représenter des formations nuageuses qui ne sont pas « de couleur de nuages ». Comme l’écrit Theodore Heinrich, « [Iskowitz] a non seulement complètement abandonné la représentation mais il a changé sa position par rapport à elle. » Et il poursuit : « c’est ce qu’on pourrait appeler une cartographie intime, poétisée par sa sensibilité aux changements de saison et aux heures du jour ou de la nuit, claire ou couverte telle que l’exprime la lumière. »

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Gershon Iskowitz : sa vie et son œuvre par Ihor Holubizky.

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