Dans Scène de campement d’été, l’artiste inuite Pitseolak Ashoona (v.1904-1983) saisit de façon charmant l’été dans le nord, une composition qui révèle les détails naturalistes et l’expression joyeuse qui ont fait sa gloire. Ici, une famille dans son campement et des voyageurs qui arrivent sont positionnés entre deux collines; les figures semblent à la fois habiter le paysage et en être des éléments constituants. Par le biais de son sens de l’observation et d’expérimentations graduelles, Pitseolak parvient à nous montrer les strates et les collines du territoire autour de Kinngait (Cape Dorset), qui signifie « grandes collines » en inuktitut. Un autre Inuk se tient à l’affut d’animaux marins, le harpon en main, entouré de quelques-uns des oiseaux qui migrent par milliers à Qikiqtaaluk (île de Baffin) par temps doux. Faisant preuve d’une grande attention au moindre détail, Pitseolak représente les tentes faites de peaux de phoques barbus, le sac que porte le chien, de même que les accessoires du chasseur. Des morceaux de pitsik (poisson séché) sont suspendus entre les deux tentes, où les femmes profitent d’un moment de répit pour bavarder.
Plusieurs dessins de Pitseolak communiquent l’essence de la vie de campement, qui incarne une sensibilité inuite axée sur l’esprit de communauté et de coopération. Non seulement Pitseolak cherche-t-elle ici à représenter les savoirs pratiques, mais aussi à documenter les valeurs moins tangibles qui font partie du mode de vie traditionnel.
Ce qui est remarquable, c’est que Pitseolak parvienne à y créer cette scène d’une grande densité et plénitude au moyen d’une palette très limitée : des bruns, du gris et du vert olive, rehaussés de touches de jaune et de bleu turquoise. Même si les couleurs ont quelque peu pâli, notamment le vert olive de la toundra, l’amour de l’artiste pour la couleur et ses souvenirs des étés passés sur les territoires y sont encore palpables.
Cette rubrique en vedette est extraite de Pitseolak Ashoona : sa vie et son œuvre par Christine Lalonde.