Voici la Némesis fait partie du second cycle d’œuvres à message moral de William Kurelek (1927-1977), Glory to Man in the Highest (Gloire à l’homme dans toute sa splendeur). Présenté comme une « satire socioreligieuse », l’ensemble de vingt tableaux explore un éventail de thèmes allant du crime urbain au progrès scientifique, de l’inégalité économique à la sécularisation des fêtes religieuses.
Voici la Némesis est une élaboration visuelle du ton moralisant et apocalyptique employé par le théologien catholique conservateur anglais Edward Holloway, dont le livre Catholicism: A New Synthesis, publié en 1969, inclut des titres de chapitres tels que « Whom do you say Man is? » (« Qui est l’homme dites-vous? ») et « Nemesis » (« Némesis »). La scène imagine la destruction fictive d’Hamilton, en Ontario, par une bombe nucléaire. Un embrasement atomique domine le tableau, entraînant rapidement le regardeur dans une orgie funeste. Un autre champignon d’énergie cataclysmique tourbillonnant à l’horizon lointain annonce le destin similaire de Toronto. Le cadre du tableau est un collage fait à partir de l’horaire de télévision publié dans le Globe and Mail.
Cette série a choqué et polarisé la critique quand elle a d’abord été exposée à la Galerie Isaacs de Toronto en 1966. La véhémence religieuse de ces œuvres n’aurait pas été prise au sérieux par le monde de l’art majoritairement séculaire si elle avait été le fait d’un artiste moindre, mais elle venait néanmoins confirmer chez Kurelek sa sincérité et sa singularité créative. D’aucuns pouvaient être en désaccord avec lui, mais ils n’en demeureraient pas moins captivés par ses tableaux.
Cette rubrique en vedette est extraite de William Kurelek : sa vie et son œuvre par Andrew Kear.