Entre 1947 et 1956, Oscar Cahén conçoit 38 images pour la page couverture de Maclean’s, qui est alors le magazine principal au Canada. Les couvertures de magazines sont prestigieuses, car elles offrent à l’artiste plus de liberté que toute autre forme d’illustration : c’est à l’artiste, en effet, que revient la responsabilité et le privilège de proposer des idées subtiles, pour lesquelles il ou elle sera bien rémunéré-e. Visibles à travers tout le pays, parfois même encadrées et exposées dans les foyers, les couvertures de Maclean’s sont le support idéal pour diffuser d’importants messages sous l’apparence d’un dessin divertissant.
Au moment de la publication de ce dessin, Cahén et ses collègues sont aux prises avec le milieu artistique canadien, qui considère l’art abstrait comme des « griffonnages dénués de sens ». À l’occasion de l’exposition de l’Ontario Society of Artists (OSA) en 1951, par exemple, certains artistes conservateurs démissionnent pour protester contre la récente vague d’art moderne. La couverture médiatique de la controverse signale en particulier Le Coq expressionniste (v. 1950-1951) de Cahén. C’est à la suite de ceci que Cahén dessine cette couverture qui se moque d’un cliché de l’art canadien : les classiques paysages d’hiver, comme ceux peints par le Groupe des Sept. Le mur de la galerie imaginaire en est plein, mais les visiteurs emmitouflés, las de l’hiver, n’ont d’yeux que pour l’unique scène estivale, d’ailleurs déjà vendue comme l’indique l’étoile rouge.
Cette rubrique en vedette est extraite de Oscar Cahen : sa vie et son œuvre par Jaleen Grove.