Symphonie en damier blanc ou Symphonie 2 1957
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Paul-Émile Borduas, Symphonie en damier blanc ou Symphonie 2, 1957
Huile sur toile, 195 x 130 cm
Musée des beaux-arts de Montréal

Entamé dans les années 1940, le dialogue de Borduas avec l’œuvre de Piet Mondrian (1872-1944) atteint son paroxysme dans ce tableau. Certes, Mondrian n’aurait pas approuvé la couleur : les nuances de brun étaient exclues de son vocabulaire, lui qui ne s’en tenait qu’aux couleurs primaires (le rouge, le jaune et le bleu) et aux non-couleurs (le noir, le gris et le blanc). Les lignes soft-edge délimitant les rectangles, sans parler des empâtements dans l’application de la peinture, n’auraient pas plu au maître néerlandais. Mais l’idée d’une présentation aussi géométrique, la référence à la musique dans le titre et le dialogue entre les différentes surfaces témoignent d’un singulier dépassement de la part de Borduas.
Ce que la grille faisait dans les tableaux de Mondrian — à savoir ramener les éléments du tableau en surface, comme dans Compositions : damier de couleur claire, 1919 —, le damier de Borduas le fait aussi, même en utilisant une palette limitée aux bruns, aux noirs, aux ocres très pâles et aux blancs. À ce moment, Borduas peut se dire loin de toute forme de tachisme, ou d’abstraction lyrique, ayant donné autant d’importance à la construction du tableau, à sa géométrie et à son équilibre dynamique.