Composition chromatique 1934
Cette œuvre expérimentale – premier tableau semi-abstrait de Macdonald – marque le début de ses efforts pour exprimer les principes sous-jacents de la nature en art par l’étude des sciences, des mathématiques et de la philosophie. À l’époque, Macdonald est imprégné du programme d’études multidisciplinaire du British Columbia College of Arts. Travaillant à partir d’une nature morte composée de fleurs, il crée un exercice dans lequel il « en regardait une portion et la rendait de façon plutôt abstraite ». En magnifiant une fleur et n’en peignant que certaines parties, il s’affranchit de la représentation.
Dans l’esquisse à l’huile sur panneau qui précède cette toile, des zones de couleur émanent du centre de la fleur. Beatrice Lennie (1905-1987), une ancienne élève devenue collègue de Macdonald, se souvient de son enthousiasme après avoir terminé le tableau. Dans cette œuvre, Macdonald s’inspire très certainement de son ami John Vanderpant (1884-1939) qui, dans Heart of the Cabbage (Cœur de chou), v. 1929-1930, et dans des photographies similaires, se rapproche de son sujet et emploie la lumière, l’ombre et les motifs pour en révéler le rythme interne indépendamment de sa forme objective. En classe, il cite Amédée Ozenfant (1886-1966) : « Une fleur n’est plus un sourire de la nature […] mais des ondes magnétiques dirigées selon certains axes, si rapides qu’elles deviennent matière, couleur. »
Dans Formative Colour Activity (Composition chromatique), l’image de la fleur se dresse sur une tige solide du côté gauche de la toile. Le reste de l’œuvre, toutefois, est composé de zones de couleurs qui rayonnent vers l’extérieur, remplissant la toile de vagues de mouvement fluide et dynamique. Bien que l’image soit encore très structurée, Macdonald est emballé par la percée qu’elle représente.
Accaparé par la fermeture du British Columbia College of Arts et par la responsabilité de devoir gagner sa vie durant la Grande Crise, Macdonald devra attendre encore deux ans avant de reprendre ses expériences avec la forme et la couleur pures. Plus tard, il indiquera toutefois que son exploration de l’abstraction a commencé par cette toile. Il est tellement certain de l’importance de ce virage que, pendant qu’il vit à la baie de Nootka en 1936, il soumet cette œuvre à la toute première exposition du Groupe des peintres canadiens à l’Art Gallery of Toronto (aujourd’hui, le Musée des beaux-arts de l’Ontario).