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Le divan de chintz v. 1913 

Helen McNicoll, Le divan de chintz, v. 1913

Helen McNicoll, The Chintz Sofa (Le divan de chintz), v. 1913
Huile sur toile, 81,3 x 99,1 cm
Collection privée, Thornhill, Ontario

Le divan de chintz représente l’atelier londonien que McNicoll partage avec sa collègue artiste, la britannique Dorothea Sharp (1874-1955), qui pose dans l’œuvre. Bien que l’image semble, au premier coup d’œil, montrer une scène de calme domesticité féminine, Natalie Luckyj suggère que la figure, dans Le divan de chintz, puisse être vue comme une suffragette travaillant sur une pièce commémorative pour le mouvement de lutte pour les droits des femmes. En 1913, la campagne des suffragettes était au sommet de sa phase militante. Dans la presse, les compte rendus sur les protestations violentes et la désobéissance civile – qui ont suivi le rejet du Reform Bill (Projet de réforme en faveur du droit de vote des femmes) – ont côtoyé les nouvelles de l’élection de McNicoll à la Royal Society of British Artists (RBA). 

 

Dans le monde de l’art aussi, les femmes se battent pour avoir droit à un accès égalitaire. Même lorsqu’elles sont élues au sein d’institutions reconnues comme la RBA, les femmes demeurent en position précaire et choisissent parfois de joindre ou de former des sociétés alternatives comme la Society of Women Artists (SWA). La SWA est établie en 1856 avec comme but affirmé de permettre aux femmes l’accès à ce monde de l’art dominé par les hommes; Sharp était la vice-présidente de l’association au moment où elle pose pour la toile de sa collègue. Bien qu’il n’y ait aucune preuve clairement établie quant aux convictions politiques de McNicoll ou de Sharp, il est attrayant, à la lumière de leur participation active aux organisations de femmes, de voir Le divan de chintz comme un engagement dans un plus large monde d’interventions féministes plutôt que comme une simple scène représentant une femme brodant tranquillement dans le salon.

 

William Merritt Chase, Studio Interior (Intérieur d’atelier), v. 1882, huile sur toile, 71,2 x 101,9 cm, Brooklyn Museum, New York.

L’atelier d’artiste est un sujet très représenté de l’impressionnisme américain – dans les œuvres de William Merritt Chase (1849-1916), par exemple. L’atelier sert de scène à au moins trois autres œuvres de McNicoll – une seconde peinture intitulée Le divan de chintz no 2, v. 1913, et deux autres toiles, achevées autour de 1914, portant le titre The Victorian Dress (La robe victorienne). L’atelier de McNicoll et de Sharp était situé au 91 Ashworth Mansions, dans le quartier huppé de Maida Vale à Londres. D’après une photographie, (vraisemblablement prise par McNicoll), qui figure Sharp portant une blouse de peintre, nous pouvons voir que leur atelier était vaste et spacieux. 

 

Au tournant du siècle, l’atelier ne se limite pas à la production artistique, mais sert également comme espace d’exposition et de réseautage. Dans une lettre à son père, McNicoll raconte qu’elle tient une exposition à l’atelier une semaine avant les élections annuelles de la RBA en 1913. Elle relate que cinquante-sept personnes y ont assisté, et, parmi elles, beaucoup de membres de la société, et que Sharp a aussi profité de l’événement pour développer son propre réseau. Ces efforts ont été couronnés de succès et McNicoll a été élue membre de la société. À cette occasion, une photographie de l’atelier, accompagnée d’un article sur l’artiste et sur ses accomplissements, ont paru dans le Montreal Daily Star.

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