À l’ombre de la tente 1914
McNicoll a réalisé cette œuvre dans le sud de la France. Une des femmes représentées est assise sur un tabouret pliant alors que la deuxième est assise sur le sable. La peinture correspond aux centres d’intérêt de McNicoll pour les lieux et les espaces du tourisme moderne : un sac de denrées est posé sur la couverture et un chapeau est abandonné sur le sable. Mais les deux personnages sont concentrées sur des activités artistiques : la femme assise porte une blouse de peintre alors qu’elle regarde dans sa boîte de matériel à peindre, et l’autre feuillette un carnet de croquis. Les femmes, absorbées dans leur travail, ne communiquent pas entre elles et pas davantage avec le spectateur de la scène. Le format relativement grand de la peinture soutient l’idée que l’activité artistique des deux femmes est importante.
À l’ombre de la tente est aussi une image de collaboration féminine et d’amitié, particulièrement si on la considère dans le contexte d’autres peintures réalisées par McNicoll et par Dorothea Sharp (1874-1955), clairement peintes en parallèle dans une même séance de peinture. On retient notamment de McNicoll In the Tent (Sous la tente), 1914, et de Sharp, A Day by the Sea (Une journée à la mer), ainsi que Painting on the Beach (Peinture à la plage), toutes deux de 1914. Une autre version de Sharp, Marcella Smith at the Beach, The Languedoc, South of France (Marcella Smith à la plage, Languedoc, sud de la France), 1914, identifie le modèle qui peint comme étant une autre artiste, Marcella Smith (1887-1963), qui devient la compagne permanente de Sharp après la mort de McNicoll. Ensemble, ces œuvres expriment avec puissance l’existence d’un réseau de femmes qui travaillent, voyagent et vivent ensemble dans une atmosphère d’assistance mutuelle et de créativité.
Cette peinture impressionniste a bien été reçue tant en Angleterre qu’au Canada. Quand elle est exposée à la Royal Society of British Artists, les critiques la célèbrent comme étant « un morceau de peinture fluide et très maîtrisée. » En 1914, quand elle gagne le prix de l’Association culturelle des femmes de Montréal pour la meilleure peinture réalisée par une femme canadienne à l’exposition de printemps de l’Art Association of Montreal, la presse locale la loue comme étant « une toile bien peinte et bien observée » dont la facture montre « liberté et confiance. » Comme d’autres scènes de plage de McNicoll, À l’ombre de la tente est une œuvre remplie d’une éclatante lumière solaire alors que l’artiste utilise des couleurs pures, des blancs, des jaunes et des bleus, pour évoquer le sentiment d’une journée d’été claire et douce en bord de mer.