Le bénédicité de Burns 1906
En tant qu’artiste commercial, Tom Thomson est considéré particulièrement habile à traiter le lettrage. Ses vers illustrés, comme Le bénédicité de Burns, démontrent qu’il sait créer un contexte attrayant pour de courts poèmes sentimentaux. Thomson adapte ce texte de Robert Burns à au moins deux autres reprises, en 1907 et 1909. Il illustre également des vers d’Ella Wheeler Wilcox, d’Engelbert Humperdinck, de Maurice Maeterlinck, de Henry van Dyke et de Rudyard Kipling.
Thomson offre Le bénédicité de Burns à son frère Ralph en cadeau de mariage le 25 décembre 1906. L’aspect le plus intéressant de cette illustration est le paysage stylisé qui entoure les vers. Les détails du feuillage, des pierres et de l’eau dans la partie inférieure sont peints avec minutie, tandis que les deux nuages cotonneux dans la partie supérieure annoncent la fascination de Thomson pour le ciel et tous ses phénomènes – tempêtes, éclairs, arcs-en-ciel et couchers de soleil. Même si la calligraphie est très soignée, le paysage relègue le poème au second plan.
A. Y. Jackson (1882-1974) écrira plus tard qu’à Toronto on faisait peu de distinction entre artistes commerciaux et peintres : les artistes commerciaux peignaient et les peintres faisaient de l’art commercial pour gagner leur vie. Mais tant que Thomson travaille comme dessinateur publicitaire, son art est pratiquement dépourvu d’originalité. Ses mises en page sont classiques, ses couleurs, sirupeuses. Sa seule ambition semble être de créer des souvenirs agréables. Il est la définition même de l’artiste amateur. Mais il apprend à travailler rapidement et avec précision au cours de ces années et, outre les conventions du style décoratif de l’Art nouveau, il tire d’importantes leçons sur la couleur, la composition, la simplicité et l’attrait. À partir du moment où il trouve le bon rythme, ses esquisses et ses grandes toiles se mettent à couler de source. Il devient alors un autre homme – un artiste avec un but, des idées, de la confiance et un talent immense.