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La manière naturelle de dessiner 1975

La manière naturelle de dessiner, 1975

Suzy Lake, The Natural Way to Draw (La manière naturelle de dessiner), détail, 1975

Transfert d’émulsion couleur sur toile non couchée, 102,5 x 134 cm

Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

La manière naturelle de dessiner emprunte son nom à un manuel de dessin de Kimon Nicolaïdes publié pour la première fois en 1941. Le manuel rappelle à Lake de bons souvenirs de son grand-père, qui avait une copie de ce livre et qui a encouragé son intérêt pour l’art lorsqu’elle était enfant, en dessinant avec elle et en l’emmenant visiter le Detroit Institute of Art. L’œuvre est à la fois une performance filmée sur vidéo et un scénarimage des actions qui y sont orchestrées.

 

Suzy Lake, The Natural Way to Draw (La manière naturelle de dessiner), photographie de plateau, 1975, vidéo (son, couleur), 15 minutes, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.

La vidéo montre Lake qui reçoit et suit les instructions du manuel lues par une voix hors champ. Enduit de maquillage blanc, le visage de Lake devient la surface sur laquelle elle met les directives en œuvre. L’effet semble aplatir son visage alors qu’elle applique des lignes et des ombres directement sur sa peau. Il s’agit de la dernière fois où Lake paraît avec du maquillage blanc, après trois ans d’expérimentation. Elizabeth A. T. Smith observe que cette œuvre est similaire au travail d’autres artistes de l’époque – notamment Bruce Nauman (né en 1941) et John Baldessari (1931-2020) – qui ont également abordé et critiqué les notions de processus et de génie artistiques en exécutant des gestes répétitifs en réponse à des consignes.

 

Lake combine la photographie et le dessin à main levée dans des œuvres telles que A One Hour [Zero] Conversation with Allan B. (Une conversation d’une heure [zéro] avec Allan B.), 1973; en marquant les photographies avec un crayon gras, elle place au premier plan le processus de sélection des images qui se déroule normalement en coulisse, comme si elle modifiait la composition à la manière d’une photographe professionnelle ou d’une éditrice. Dans La manière naturelle de dessiner, elle revient aux procédés de dessin et de peinture qu’elle a temporairement mis de côté pour se concentrer sur d’autres moyens d’expression.

 

Dans le volet scénarimage de l’œuvre, Lake combine le dessin et la photographie en assemblant une grille de soixante-six images – soixante photographies et six dessins. La première colonne documente le processus de dessin d’un visage, des formes géométriques de base à l’ajout d’ombres et de lignes de contour détaillées, pour finalement en arriver à un portrait modelé en trois dimensions dans la dernière image. Les photographies de chaque rangée correspondent aux étapes représentées dans chacun des dessins, figurant Lake le visage blanc et vêtue d’un chandail et d’un fichu jaunes assortis, appliquant du maquillage sur son visage non pour en accentuer la beauté, mais pour imiter les techniques du manuel de dessin, son visage lui servant de toile. Les instructions pour dessiner, cohérentes lorsque mises en pratique sur une surface plane, semblent exagérées lorsqu’appliquées au visage de Lake. Les portraits dessinés disposés dans la première colonne constituent un dessin classique, mais lorsque le dessin est appliqué à Lake elle-même, les portraits suggèrent une déviation ou une manipulation de la norme.

 

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