La vision du monde que représente Shuvinai Ashoona dans ses dessins déconcerte bien des artistes plus âgés quand elle commence à travailler à la West Baffin Eskimo Co-operative au milieu des années 1990. Issue d’une famille d’artistes célèbre, Shuvinai est encouragée et profondément influencée par les deux générations qui la précèdent. Toutefois, sa sensibilité distincte et son audace changent les perceptions sur l’art inuit. Depuis la Biennale de Sydney en 2012, ses dessins sont exposés partout dans le monde, aux côtés d’œuvres d’autres artistes canadiens contemporains.
Le travail suivant le modèle coopératif
Le village natal de Shuvinai Ashoona, Cape Dorset (aujourd’hui souvent appelé Kinngait), est reconnu comme centre de production artistique inuite en gravure, arts visuels, sculpture et autres. On dit que Kinngait compte plus d’artistes par habitant que toute autre communauté au Canada, et la West Baffin Eskimo Co-op possède la plus longue et la plus solide tradition de production artistique en coopérative de l’Arctique. La West Baffin Sports Fishing Co-operative est incorporée en 1959 puis à nouveau deux ans plus tard sous le nom de West Baffin Eskimo Co-op. Depuis environ 2006, son secteur d’art et d’artisanat s’appelle Ateliers Kinngait. Grâce à la stabilité et à la longévité de sa direction, quatre générations d’artistes inuits ont pu se développer et vendre leurs œuvres à travers le monde, et continuent de le faire.
Le programme de gravure mis en place peu après la fondation de la coopérative intrigue et attire les artistes de Cape Dorset. Commence alors une période productive. Grâce à la coop qui leur offre du soutien et l’occasion d’explorer différentes techniques, les artistes de Cape Dorset font irruption sur le milieu de l’art canadien et inscrivent leur pratique et leur vision dans la conscience canadienne. La grand-mère de Shuvinai Ashoona, Pitseolak Ashoona (v. 1904-1983) fait partie de la première génération d’artistes inuits qui se consacrent au dessin et à la gravure à l’atelier au milieu du vingtième siècle.
Dorset Fine Arts est fondé à Toronto en 1978 pour soutenir la promotion et la distribution des œuvres d’art réalisées à Cape Dorset. En 1983, Terrence Ryan (né en 1933) quitte le poste de directeur général de la coop, qu’il occupe depuis longtemps, pour diriger Dorset Fine Arts à Toronto. Ryan et sa femme gèrent la production de la prestigieuse et recherchée Collection annuelle d’estampes de Cape Dorset et du catalogue qui l’accompagne. Les Ryan mettent sur pied un réseau nord-américain de marchands d’art et font de Dorset Fine Arts un intermédiaire entre la coopérative et les galeries. Ils participent aussi à l’organisation de visites d’artistes du Sud dans le Nord et de programmes de formation pour les graveurs, les sculpteurs et les autres artistes de Cape Dorset.
À la fin des années 1980, la collection annuelle d’estampes de la coopérative jouit déjà depuis longtemps d’une grande renommée lorsque Shuvinai commence à fréquenter les ateliers. Jusqu’à cette époque, les dessins sont presque exclusivement considérés comme des images d’origine pour la gravure. Toutefois, la coop devient un centre névralgique pour le dessin. Ce changement pourrait être attribuable à une demande accrue pour des dessins originaux dans le marché de l’art inuit, alors en mutation. Le conseiller artistique et actuel directeur des Ateliers Kinngait, William Ritchie (né en 1954), joue un rôle influent pour les membres. Dorset Fine Arts, Ritchie et certains marchands progressistes d’art contemporain du Sud (comme Feheley Fine Arts et Robert Kardosh Projects) font un important travail de sensibilisation, grâce auquel les collectionneurs et les conservateurs, ayant pris conscience de la profondeur et de la variété des dessins réalisés dans le Nord, se mettent à acheter, défendre et exposer ces œuvres. La production de Shuvinai à la coopérative est remarquablement élevée. En 2015-2016, elle signe plus de cinquante œuvres, dont des dessins et des plaques lithographiques.
En devenant membres de la coop, les artistes ont accès à du matériel et aux ateliers, quoiqu’un nombre de plus en plus élevé de dessinateurs et de sculpteurs décident de travailler ailleurs. Le modèle de rémunération est le même pour tous : la coop achète la production de ses membres et les paie sur place en fonction de la taille de chaque œuvre et de l’avancement de leur carrière. Ensuite, Dorset Fine Arts vend les dessins, gravures et sculptures aux galeries de son réseau qui les proposent à leur tour à des établissements et aux collectionneurs privés. Les Ateliers Kinngait conservent leur pertinence aujourd’hui puisqu’ils aident les Inuits à se tailler une place sur le marché de l’art du Sud.
Troisième génération
Les artistes des Ateliers Kinngait sont souvent désignés par leur génération. La première comprend ceux qui vivent leurs années de formation en nomades sur le territoire et font partie du noyau d’artistes qui mettent sur pied la coopérative, notamment la grand-mère de Shuvinai, Pitseolak Ashoona, qui est probablement l’artiste inuite de première génération la plus célèbre et l’une des plus prolifiques. Pitseolak est la grand-mère de nombreux artistes et a légué un héritage important : des centaines de dessins et d’estampes à la coopérative et à son atelier d’estampe.
Toutefois, Shuvinai mène une existence entièrement différente de celle de sa célèbre grand-mère. Pitseolak a vécu toute sa vie en nomade. À son époque, sa communauté ne subit pas encore l’influence du Sud, qu’elle ne découvrira d’ailleurs qu’à la fin de sa vie. Shuvinai, quant à elle, a accès à la culture populaire. La maison qu’habite sa famille lorsqu’elle n’est pas dans sa période de nomadisme est équipée de la télévision et Shuvinai assiste aux projections organisées dans le village ou regarde des films sur son magnétoscope VHS. À l’âge adulte, en revanche, elle a un accès très limité à la technologie informatique et aux médias sociaux, même si elle voyage dans le Sud et collabore avec des artistes canadiens contemporains. On peut interpréter certaines de ses œuvres telles Earths with People on Them (Des Terres avec des gens dessus), 2010, comme des commentaires sur l’environnement social et géographique du Nord, une région où le réchauffement transforme profondément le climat, le paysage et le mode de vie.
La deuxième génération réunit les artistes nés nomades, mais qui ont passé la plus grande partie de leur vie à Cape Dorset. Ils sont souvent de la même famille que les artistes de la première génération, par exemple le père de Shuvinai, Kiugak Ashoona (1933-2014), et ses tantes Napachie Pootoogook (1938-2002) et Mayoreak Ashoona (née en 1946). La troisième génération inclut des artistes qui, comme Shuvinai, ont passé toute leur vie dans le village de Cape Dorset ou aux alentours. Il existe une quatrième génération d’artistes émergents, peu nombreux, qui ont eux aussi grandi dans le village, branchés (quoique de façon restreinte) aux quatre coins du Nord et du monde grâce à Internet. Parmi ces talents prometteurs, mentionnons Saimaiyu Akesuk (née en 1986). Certaines familles, comme les Pootoogook, les Ashoona et les Ashevak, sont représentées dans chaque génération d’artistes de Kinngait.
Grâce à Shuvinai Ashoona, les attentes à l’égard de l’art inuit ne sont plus les mêmes. Ses dessins évoluent : autrefois influencée par les goûts du marché, Shuvinai adopte graduellement une pratique avant-gardiste. Avec d’autres artistes de la troisième génération — notamment sa cousine Annie Pootoogook (1969-2016), Kavavaow Mannomee (né en 1958), Tim Pitsiulak (1967-2016) et Ningeokuluk Teevee (née en 1963) —, Shuvinai se tourne vers l’autoreprésentation avec des œuvres qui témoignent des impacts complexes de la colonisation dans l’Arctique depuis un siècle. Par exemple, dans Titanic, Nascopie, and Noah’s Ark (Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé), 2008, Shuvinai évoque trois navires célèbres : le Titanic dont elle découvre le destin tragique grâce au film du même nom réalisé par James Cameron en 1997; le Nascopie, un navire de ravitaillement qui approvisionnait le lointain village de Cape Dorset jusqu’à son naufrage en 1947; et l’Arche de Noé de la Bible. Ces trois bateaux sont amalgamés en un seul qui pourchasse un calmar géant et des pêcheurs inuits. Le passé, le présent et l’avenir incertain de son habitat sont inscrits dans la trame de ce récit illustré fantastique.
L’archéologue australienne Claire Smith qualifie de « lieux de résistance » les œuvres contemporaines réalisées dans le Nord. Pour sa part, l’historienne de l’art Heather Igloliorte préfère parler d’« expressions de résilience ». D’ailleurs, la résilience est une caractéristique des Inuits du Canada en général et voir l’art inuit comme une expression de cette résistance équivaut à envisager l’art comme une façon de renforcer la culture de l’intérieur plutôt que comme une réaction à des forces extérieures.
Quoi qu’il en soit, on peut considérer la sculpture, la gravure et le dessin (les disciplines artistiques du Nord) comme le produit fluide d’influences hybrides. Le savoir culturel unique aux Inuits concernant le fonctionnement de la nature, des humains et des animaux (connues sous le nom de Qaujimajatuqangit inuit) a une incidence sur la production artistique. Toutefois, comme de nombreux collègues du Nord, Shuvinai Ashoona s’adapte à l’examen esthétique rigoureux du milieu de l’art conventionnel en créant des dessins ambitieux, personnels, implacables et éclairés. Des œuvres comme Earth and Sky (Terre et Ciel), 2008, ou Oh My Goodness, 2011, qui font toutes deux partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, entraînent le spectateur dans un dialogue qui positionne l’art inuit comme une esthétique d’importance mondiale qui ne se limite pas aux représentations idéalisées du Nord canadien.
Iconographie personnelle
Shuvinai Ashoona fait allusion à l’iconographie inuite traditionnelle dans bon nombre de ses dessins, qu’il s’agisse de scènes du quotidien ou de représentations de chamans et d’êtres mythiques comme la déesse Sedna. Par contre, elle est avant tout renommée pour son iconographie hautement personnelle. Que ce soit dans ses scènes naturalistes fidèles de son Arctique natal ou ses visions étranges, monstrueuses et fantastiques, elle évoque des états mentaux altérés et des perceptions modifiées. Comme on le voit dans sa gravure Inner Worlds (Mondes intérieurs) de 2014, ses interprétations audacieuses et souvent inexplicables de créatures hybrides et de paysages fantaisistes et sombres peuvent troubler le spectateur. Shuvinai n’est pas directement influencée par les surréalistes, même si son art peut s’y comparer : comme les tenants de ce mouvement, elle s’inspire de sa vision intérieure. Elle puise dans son imagination débordante et son environnement, auxquels s’ajoute sa fascination pour les films d’horreur, la bande dessinée et la télévision.
On remarque dans quelques œuvres les atouts du jeu de cartes — pique, trèfle, cœur et carreau —, notamment dans Composition (Playing Cards) [Composition [(Jeu de cartes)], 2007-2008, et Composition (Hands Drawing) [Composition (Des mains qui dessinent)], 2014. Shuvinai a toujours des cartes sur elle, mais plutôt que de s’en servir pour jouer, elle les dispose de différentes façons et semble aimer ce processus presque autant que l’œuvre finale.
Le globe terrestre est un autre élément visuel souvent présent dans son travail. Aux fins de l’exposition Shuvinai’s World(s) organisée en 2012 à la galerie Feheley Fine Arts, elle élabore toute une série de dessins avec des Terres qui flottent, des gens qui portent des globes et même, dans Happy Mother (Mère heureuse), 2013, une femme qui accouche d’un enfant dont la tête est ceinte de petits globes terrestres. Ces œuvres sont généralement optimistes : des gens de toutes les races tiennent des Terres ou bien des globes munis de bras saisissent des mains d’humains et d’animaux pour former le cercle de la vie. Dans Shovelling Worlds (Pelletées de Terres), 2013, Shuvinai intègre de nombreux globes terrestres dans un arrière-plan de pierres et de roches qu’un homme est en train de pelleter, ce qui évoque les rapports entre les univers terrestres et extra-terrestres, et des liens rattachant l’humain à ces univers.
Depuis quelques années, les créatures marines occupent une grande place dans l’œuvre de Shuvinai. Elles sont souvent menaçantes, comme le calmar géant de Titanic, Nascopie, and Noah’s Ark (Le Titanic, le Nascopie et l’Arche de Noé), 2008, et les pieuvres de Composition (Attack of the Tentacle Monsters) [Composition (Attaque des monstres à tentacules)], 2013. Shuvinai s’intéresse probablement à ces créatures depuis que, toute petite, elle ramassait des palourdes, allait à la pêche et observait les gros animaux marins (baleines, morses et narvals) échoués sur la plage, prêts à être dépecés. Son attirance pour ces images est nourrie par des films comme Les dents de la mer (un de ses préférés) qu’elle regarde à la télévision. En 2015, lors d’un séjour à Toronto, Shuvinai visite l’aquarium Ripley et elle est ravie par les espèces qu’elle y voit.
Avec le développement et l’usage répété de son iconographie personnelle — comprenant œufs, jeux de cartes, globes terrestres, créatures fantastiques et figures désarticulées —, Shuvinai s’éloigne des œuvres d’art inuit habituelles (des représentations d’animaux ou d’humains disposés en suite sur papier) pour adopter un vocabulaire plus large. Ses motifs distinctifs témoignent de l’originalité de sa pensée et de ses perceptions, mais révèlent aussi que les signes et les symboles du quotidien dans le Nord aujourd’hui sont dans une égale mesure imprégnés de culture autochtone et influencés par le Sud.
Le Nord et le Sud
La reconnaissance de l’art inuit dans le courant dominant de l’art contemporain canadien et étranger est relativement récente. Traditionnellement, non seulement l’art inuit est-il rarement considéré comme partie intégrante du canon contemporain dans les musées du Canada et d’ailleurs, il a aussi longtemps été traité distinctement des autres formes d’art autochtones dans les musées du pays. À l’instar de sa cousine Annie Pootoogook, Shuvinai Ashoona repositionne l’art inuit. Elle rompt avec les formes de représentation adoptées par les générations qui l’ont précédée, elle crée des œuvres en collaboration avec des artistes du Sud et elle lance des ponts vers l’international grâce à son travail qui remet en question les stéréotypes sur la vie et la pratique artistique dans le Nord.
Les deux principales collaborations de Shuvinai avec des artistes canadiens contemporains ont une influence considérable sur la notoriété de son œuvre et marquent l’ouverture des manifestations d’art contemporain d’envergure internationale à l’art inuit. Elle collabore avec John Noestheden (né en 1945) en 2008 à l’initiative de Wayne Baerwaldt, un conservateur qui a de nombreux contacts à l’étranger. Sous la direction du conservateur Klaus Littmann et avec l’assistance d’Edek Bartz, les deux artistes créent une bannière longue de quarante mètres pour le projet Stadthimmel (Ciel urbain), une œuvre d’art public installée au centre-ville de Bâle en Suisse à l’occasion de sa Foire d’art. Cette œuvre, intitulée Earth and Sky (Terre et Ciel), 2008, est ensuite exposée à Sydney en Australie en 2012 à l’occasion de la Biennale All Our Relations (Gerald McMaster et Catherine de Zegher, anciens conservateurs du Musée des beaux-arts de l’Ontario à Toronto, en sont les organisateurs). Le Musée des beaux-arts du Canada présente Terre et ciel à son tour en 2013 lors de l’exposition Sakahàn. Art indigène international. Les collaborations et les expositions continues de Shuvinai avec la Torontoise Shary Boyle (née en 1972), une artiste de renommée mondiale qui représente le Canada à la Biennale de Venise en 2013, accroissent aussi sa notoriété et la font connaître dans les milieux de l’art contemporain qui étaient autrefois fermés aux artistes inuits.
L’art inuit met du temps à se faire remarquer des commissaires d’exposition et conservateurs de l’étranger. C’est graduellement, grâce au travail d’artistes comme Shuvinai dont les dessins et les gravures bousculent les idées dépassées sur ce que devrait être l’art inuit, que les Autochtones du Nord acquièrent une renommée internationale hors du marché traditionnel de l’art inuit. Des œuvres de Shuvinai figurent dans deux expositions américaines d’art canadien : Oh, Canada: Contemporary Art from North North America présentée en 2013 par la conservatrice Denise Markonish au Massachusetts Museum of Contemporary Art (MASS MoCA) à North Adams au Massachusetts, puis Unsettled Landscapes: SITElines: New Perspectives on Art of the Americas à SITE Santa Fe au Nouveau-Mexique sous la direction de la Canadienne Candice Hopkins, qui sera présentée de juillet 2014 à janvier 2015. Ces participations récentes sont possibles grâce à la visibilité accrue des œuvres inuites sur le Web et à leur inclusion graduelle dans les expositions d’art contemporain.
Shuvinai fait aussi partie de l’ouvrage Vitamin D2: New Perspectives in Drawing, publié en 2015 chez Phaidon, qui braque les projecteurs sur une nouvelle génération d’artistes qui abordent le dessin de manières innovatrices. L’art inuit change et s’adapte constamment, comme la culture, et Shuvinai Ashoona est au cœur de ces mutations.
Plutôt que de transmettre un message clair, les dessins de Shuvinai Ashoona proposent des vignettes du quotidien, un quotidien réel ou imaginaire. L’artiste, qui grandit avec la télévision, connaît les enjeux du monde autant que ceux de sa collectivité. Elle traite de plusieurs problèmes dont souffre sa communauté, notamment le suicide qui sévit à Kinngait comme partout dans le Nord. Carrying Suicidal People (Le transport des suicidés), 2011, représente deux personnages mythiques transportant des corps inertes, beaucoup plus petits, dessinés sur une longue feuille de papier orientée à la verticale, ce qui confère de la gravité et de l’importance au thème illustré. Shuvinai produit de nombreux dessins où elle se met en scène avec d’autres personnes rencontrées dans son village ou à Iqaluit. Oh My Goodness, 2011, exprime sa détresse à la suite du tsunami qui dévaste le Japon en 2011 et dont elle est témoin grâce à la télévision.
Shuvinai est consciente de certains problèmes mondiaux tels que les changements climatiques et la menace qui pèse sur certaines espèces animales du Nord, mais elle ne les aborde pas directement. On comprend son processus par cette description éloquente de la scène croquée dans Composition (People, Animals, and the World Holding Hands) [Composition (Personnes, animaux et Terre se tenant par la main)], 2007 : « Je les imaginais en réunion, une réunion internationale pour discuter des phoques, des ours polaires […] pour penser à ce que serait le monde pour les animaux. Je me suis dit que tous ces animaux seraient des amis, même certaines bêtes dangereuses que j’ai vues dans les films sont là. »
D’autres œuvres partagent cet optimisme pour l’avenir, comme Composition (Holding up the Globe) [Composition (Tenir le monde à bout de bras)], 2014, où l’on voit un groupe de personnes qui unissent leurs efforts. Shuvinai mélange souvent la couleur de la peau, des cheveux et des yeux des gens qui peuplent ses dessins. Même si elle ne dévoile jamais ses opinions en mots, ses œuvres révèlent l’empathie qu’elle éprouve pour les humains, les autres créatures vivantes et le territoire, tout en se complaisant dans l’inattendu et l’imaginaire.