La grande vague — hommage à Hokusai 1974
La grande vague — hommage à Hokusai traduit la puissance pure et simple des œuvres en contreplaqué toupillé de Paterson Ewen. L’artiste adopte pleinement l’utilisation de la toupie électrique à peu près à l’époque où il réalise cette œuvre, et les entailles profondes et grossières de la machine laissent deviner la puissance derrière une énorme vague qui s’enfle et la force de sa présence physique. L’œuvre suggère une toute nouvelle façon de voir le paysage, non pas comme une terre à apprivoiser ou à cultiver, mais comme une force de la nature qui existe tout autour de nous. C’est à la fois beau et violent.
La grande vague — hommage à Hokusai fait ressortir plusieurs des influences qui ont inspiré le travail d’Ewen d’une manière générale. Enfant, Ewen reçoit un livre des estampes de l’artiste japonais du dix-neuvième siècle Utagawa Hiroshige (1797-1858) qui éveille son intérêt pour les artistes de l’ukiyo-e, parmi lesquels Katsushika Hokusai (1760-1849), dont la célèbre estampe Sous la vague au large de Kanagawa (également connue sous le nom de La grande vague), vers 1830-1832, a inspiré cette œuvre. Ewen est également un admirateur de Vincent van Gogh (1853-1890) qui était un avide collectionneur de cet art japonais et en empruntait fréquemment des éléments pour ses propres œuvres. Les deux hommes faisaient grand cas de ce que « la méthode de l’artiste japonais était de sortir sous la pluie ou d’observer un arbre, un oiseau, une fleur ou une vague, mais sans jamais essayer de le représenter à ce moment-là. Il l’observait simplement et quand il avait suffisamment saisi tous les niveaux de son être, alors seulement il rentrait et faisait son œuvre. »
Ewen a discuté de son processus pour créer cette œuvre : « [J’ai] examiné de nombreuses versions, toutes des reproductions de l’estampe, toutes différentes au niveau de la couleur, du papier, de la qualité de l’encre et aucune qui ne se rapproche. Je voulais juste une grosse vague et j’étais tout à fait prêt à laisser Hokusai m’influencer dans la création d’une grande vague… tout ce que je voulais, c’était le ciel et l’eau… tu prends ce que tu veux et tu laisses de côté ce que tu veux, c’est le grand luxe de l’artiste. » Ici, Ewen ne fait pas seulement allusion à La grande vague mais aussi à l’art de l’estampe japonaise. Comme Ewen le reconnaît, « mes outils font des rainures qui ne sont pas si différentes des sillons dans lesquels peignait Van Gogh. » Ou de ceux que les maîtres japonais ont si minutieusement creusés un siècle auparavant.