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Christ indien 1974

Norval Morrisseau, Christ indien, 1974

Norval Morrisseau, Christ indien (Indian Jesus Christ), 1974
Acrylique sur papier, 134,6 x 68,5 cm
Collection d’art autochtone du ministère des Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, Gatineau, Québec

Art Canada Institute, Norval Morrisseau, Adam and Eve and the Serpent, 1974
Norval Morrisseau, Adam et Ève et le serpent, 1974, acrylique sur carton, 101 x 80 cm, Thunder Bay Art Gallery (Ontario). Morrisseau illustre plusieurs sujets chrétiens autochtonisés durant sa carrière.

Christ indien est rendu célèbre par le documentaire de 1974 de l’Office national du film, Norval Morrisseau : un paradoxe, dans lequel l’artiste déclare : « Jésus est mort pour l’homme blanc, pas pour les Indiens. » Pendant que le tableau apparaît à l’écran, l’auteur-compositeur interprète ojibwa Shingoose chante les paroles d’une chanson composée par Duke Redbird : « Tu as peint leur Jésus pour dénoncer leur hypocrisie. » Un tel commentaire n’est pas étonnant vu les sévices sexuels subis par Morrisseau au pensionnat catholique durant son enfance. Toutefois, cette toile et sa présentation dans le documentaire suscitent la controverse. Tentant visiblement de pallier le commentaire de Morrisseau, le narrateur décrit l’artiste comme quelqu’un qui cherche refuge dans le christianisme.

 

Avant cette représentation du Christ en tant qu’Autochtone, Morrisseau illustre plusieurs sujets chrétiens « autochtonisés », dont des illustrations du Christ (1966, 1972), de la Vierge Marie (1962, 1973) et de saint Jean-Baptiste (1973). En 1966, dans Portrait de l’artiste en Jésus-Christ (Portrait of the Artist as Jesus Christ), il se peint même à l’image du Christ avec une auréole et portant un capuchon chamanique midéwiwin, deux sacs de médecine et une croix. En 1972, Morrisseau réalise un autre tableau où il se représente en Christ portant des vêtements midéwiwins; cette année-là, l’œuvre sera reproduite dans le Toronto Star pour accompagner un article qui parle d’un Morrisseau « tiraillé entre deux cultures ». Paradoxalement, cet amalgame de symboles chrétiens et anishinabés suscite peu d’émoi. Christ indien est une illustration du paysage colonial complexe dans lequel évolue Morrisseau.

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