Le jour du départ 1935
Ce tableau représentant un ciel nocturne abstrait est l’une des premières « modalités » de Macdonald, ou « formes de pensées dans la nature ». Bien qu’il l’ait datée rétrospectivement de 1935, elle a fort probablement été réalisée en octobre 1936, à la fin de son séjour de presque dix-huit mois à la baie de Nootka.
Dans ses notes, Macdonald consigne des découvertes sur le système solaire, mentionne les propriétés physiques des planètes, la distance qui les sépare, et « retrace l’espace jusqu’à l’extrême limite de l’entendement humain ». Transcendant toute représentation dans cette œuvre, il cherche à illustrer le concept du cosmique. L’image, influencée par la photographie scientifique contemporaine, est plane et géométrique. Le volume se trouve oblitéré. La composition repose sur des formes naturelles simplement évoquées et sur la tension découlant de la juxtaposition des éléments.
Lorsque Macdonald quitte Vancouver pour la baie de Nootka en 1935, il écrit qu’il espère connaître le succès au moyen d’œuvres inspirées de l’« expression spirituelle » de la nature. Sur place, toutefois, le peu de temps dont il dispose pour l’art, il le consacre principalement à la création d’images de sujets locaux qui plairont aux acheteurs de Vancouver. Ce n’est que dans les trois semaines précédant son départ de Nootka qu’il peut enfin se concentrer sur son objectif initial.
Le 5 octobre 1936, Macdonald note avec enthousiasme dans son journal qu’il a découvert « une nouvelle forme d’expression picturale ». Le lendemain, il écrit que son épouse, Barbara, et l’artiste John Varley (1912-1969), qui se trouve avec eux à Nootka, croient que Macdonald a trouvé « une expression qui [lui] est propre. […] Seulement […] des formes abstraites sont employées, mais elles sont jumelées à une masse imposante. Les couleurs les plus pures sont utilisées + donnent un aspect brillant ». Pour décrire le croquis préliminaire de cette œuvre, il écrit qu’il « montre le clair de lune, les étoiles, la Voie lactée + le soleil presque caché derrière le monde ».
Les découvertes qu’il fait durant cette intense période d’exploration occuperont Macdonald durant la décennie à venir. Comme il l’écrit : « Mon séjour à Nootka m’a apporté un nouveau mode d’expression (qui vient à peine d’émerger) qui n’appartient à aucune école ni mouvement déjà connu. Ne pas donner suite à cette force qui me pousse […] cela reviendrait à détruire mon âme. »
Il est intéressant de comparer cette esquisse à l’huile avec sa version plus grande du même sujet, Departing Day (Le jour du départ), 1939. Malgré sa taille modeste, cette œuvre de jeunesse suscite un certain mystère et un sentiment de grandeur.