Olga et Mary en visite 1964-1965
Chambers choisit de fragmenter fortement le rendu visuel du tableau pour communiquer le dynamisme d’une conversation de tous les jours entre sa femme Olga, à gauche, et son amie Mary. Très colorée à l’instar de ses tableaux de London des trois années précédentes, mais en même temps atténuée comme par des couches d’atmosphère, l’image fascine par la disposition et la répétition de formes essentielles – la tasse, la tête de Mary – sur la surface aplanie et homogénéisée. Chambers décrit le tableau avec des mots qui soulignent son intérêt pour le cinéma : « Un tableau se compose comme une expérience – par parcelles. [Cette œuvre] n’est pas la description d’un moment visuel; c’est la mise au foyer d’une accumulation d’intérieurs vécus. » Il se fait ensuite évocateur : « Vous êtes dans une pièce, puis dans une autre pièce où vous voyez un objet tenu de cette façon, puis vous le voyez en mouvement, une semaine plus tard une tasse est inclinée […] une femme croise une jambe sur l’autre, rose […] l’épais tapis est orange chamois. » Il termine : « Les sens se combinent l’un l’autre pour enrichir la perception1. » Comme toujours, Chambers cherche à comprendre la perception et à la rendre dans son sens le plus profond.