Les bois au lac Canoe 1952

Ce tableau de grandes dimensions est un exemple significatif de la réponse de Paraskeva Clark à la peinture abstraite, notamment celle des Painters Eleven, qu’elle voit à l’Art Gallery of Toronto (aujourd’hui Musée des beaux-arts de l’Ontario), entre autres, à la fin des années 1940 et au début de la décennie suivante. Elle peint l’esquisse préparatoire à l’été 1951, lors d’un séjour avec son mari au chalet des amis Frances et Murray Adaskin, au lac Canoe, dans le parc Algonquin. Il s’agit d’une reprise assez libre d’un thème antérieur, celui d’un bosquet laissant entrevoir des pans de ciel et un plan d’eau, qui marque une légère réorientation du travail de Clark. Celle-ci fait connaître le tableau à l’exposition du Groupe des peintres canadiens en 1952.

L’artiste y reste fidèle à la composition et à palette de l’esquisse, en dessinant là encore à la surface de la peinture pour accentuer la texture du sous-bois touffu. En revanche, elle interprète les motifs formés par les coups de pinceau de l’esquisse en formes abstraites lisses, comme on peut le voir notamment dans le quart supérieur gauche. Le subjectile est un panneau de masonite, matériau apprécié des peintres semi-abstraits contemporains parce qu’il procure, justement, une surface plus plane que la toile, et de dimensions supérieures. Clark commence à utiliser le masonite vers 1950, pour suivre le courant et les nouvelles manières. Elle applique un apprêt sur la face lisse du panneau, et met en œuvre des tonalités plus intenses que sur l’esquisse.