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Dans les bois 1939

Paraskeva Clark, Dans les bois, 1939

Paraskeva Clark, In the Woods (Dans les bois), 1939

Huile sur toile, 77,5 x 69 cm

Justina M. Barnicke Gallery à Hart House, Art Museum at the University of Toronto, Collection Hart House

Le cœur de la forêt est un sujet de prédilection pour Paraskeva Clark, et la toile Dans les bois est considérée comme l’un de ses tableaux les plus aboutis. C’est l’un d’une série de trois, peints en 1938-1939, par lesquels l’artiste veut exprimer en termes formels l’émoi que les bois suscitent en elle, ce « sentiment redoutable » qu’elle goûte depuis l’enfance. Elle aime transformer un « sujet compliqué, très prenant et en apparence chaotique » en un « arrangement harmonieux ».

 

Cette fois, le modèle est peut-être Paul Cézanne (1839-1906) qui, souligne-t-elle, assimile la forêt à une cathédrale, avec ses lumières, ses nuances, ses ombres et ses mouvements. De fait, Dans les bois rappelle Meule dans un coin de forêt, 1898-1900, de Cézanne, que Clark a pu voir en reproduction. Comme le maître, elle élabore les formes du feuillage des cimes au moyen de la couleur, appliquée en touches parallèles plumetées.

 

Art Canada Institute, Paraskeva Clark, Swamp, 1939
Paraskeva Clark, Swamp (Marais), 1939, huile sur toile, 76,2 x 50,8 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto.

Sa première toile sur le thème de la forêt est The Bush (Le bosquet), 1938, peinte au cours du premier voyage de Clark au Québec. Pas un centimètre de la toile qui ne soit peint. Le tableau est saturé de formes colorées qui figurent le feuillage, le sous-bois ou des flaques de lumière au sol de la forêt. La deuxième, Swamp (Marais), 1939, peinte à Haliburton, en Ontario, crée une distance entre le spectateur et les bois au moyen d’un étang, mais la peinture n’en provoque pas moins une sorte de claustrophobie, parce que le feuillage se reflète dans l’eau et comble cet espace intermédiaire. Dans les bois, exposé avec des tableaux de Carl Schaefer (1903-1995), David Milne (1881-1953) et Caven Atkins (1907-2000) à la Art Gallery of Toronto (aujourd’hui le Musée des beaux-arts de l’Ontario) en novembre 1939, est le plus célèbre de la série. Clark le peint sur place, près de la ville de Haliburton, au cours de l’été 1939, et le termine à Toronto. Le premier plan et le tapis forestier sont traités dans les grandes lignes, moins en détail que les premières toiles, et ménagent donc un espace qui permet au spectateur de pénétrer lentement, du regard, dans la forêt. L’idée sous-jacente, dit Clark à l’historien de l’art Russell Harper, est de « raconter la solitude, le calme et l’intimité des murs que ménagent les arbres […], l’élan vers la lumière qui domine tout ce qui croît ».

 

Plusieurs des peintures exécutées par Paraskeva Clark de 1938 à 1940 suggèrent qu’elle étudie attentivement l’œuvre de Milne à cette époque. L’on pense surtout à la manière dont elle ouvre le paysage, laissant des portions de la toile libres de tout détail. C’est sans doute Douglas Duncan qui lui fait connaître Milne, dont il devient le marchand vers la fin de 1938 et dont il respecte grandement l’œuvre et l’opinion critique. Clark possède deux gravures à la pointe sèche de Milne ainsi que la toile intitulée Snowy Hemlocks (Sapins enneigés), 1921, qui représente une vue sur un bouquet d’arbres par-delà une étendue neigeuse.

 

Sunlight in the Woods (Jeu d’ombre et de lumière dans les bois), 1966, le tableau que Paraskeva dépose comme morceau de réception à l’Académie royale des arts du Canada quand elle est élue académicienne à part entière cette même année, est une interprétation plus tardive du thème.

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