Florence s.d.
Sans jamais devenir pour elle un moyen d’expression privilégié, la gravure d’art intrigue néanmoins Molly Lamb Bobak. Les quelques estampes qu’elle produit révèlent un intérêt pour les mêmes motifs et schèmes que ses tableaux, en particulier les scènes de foule, les natures mortes et les intérieurs. Ses lithographies du début des années 1960, notamment plusieurs scènes de villes réalisées lors de séjours en Europe, confirment sa prédilection pour les scènes urbaines densément peuplées.
Dans Florence, Lamb Bobak dépeint la ville vue de loin, à l’aide d’une composition complexe associant bâtiments, arbres et arbustes. La vue d’ensemble qu’elle donne de cette ville emblématique, où l’on reconnaît le Duomo au loin, contraste nettement avec une autre lithographie intitulée View from the Bridge (Vue du pont), s.d. Cette scène urbaine, qui représente une rue en hiver, n’évoque pas de ville ou de pays particuliers. Bien que l’attention portée aux motifs soit visible dans les bâtiments et les arbres représentés par Lamb Bobak, le traitement semble davantage axé sur le geste et l’atmosphère, à l’instar de ses dessins ou de ses aquarelles — pensons par exemple à son dessin au fusain et à l’encre, produit à la fin de la guerre, Bremen Ruins at Night (Ruines de Brême, la nuit), 1945. Lorsque l’artiste expose ses premières estampes à Vancouver, les critiques sont particulièrement admiratifs de celles figurant les toits de Florence.
Lamb Bobak créera plusieurs beaux spécimens de lithographie, d’eau-forte et d’impression en relief, mais n’en fera que rarement mention. Elle évoquera les estampes faites en Angleterre, peut-être après avoir suivi des cours de gravure en Norvège, et il est probable que Florence et d’autres scènes aient été composées à la suite d’un séjour en Italie. Si Florence témoigne de son succès dans ce moyen d’expression, son penchant pour la modestie fera pourtant dire à l’artiste qu’elle n’a « rien produit de substantiel » dans le domaine de la gravure.