Quatre pommes sur une nappe 1947
À partir du début des années 1940, les voyages de FitzGerald sur la côte ouest de la Colombie-Britannique stimulent son imagination. À l’automne et à l’hiver 1947, alors qu’il séjourne chez Saseenos sur l’île de Vancouver, sa technique de dessin de nature morte prend une nouvelle direction. Apples in a bowl (Pommes dans un bol), exécuté en novembre 1947, révèle les leçons de composition apprises chez Paul Cézanne (1839-1906), comme le dessus de table incliné et la disposition formelle des objets et des plans. Les taches d’encre de FitzGerald dans ce dessin sont inspirées, à l’origine, de son observation de la technique pointilliste de Georges Seurat (1859-1891). Toutefois, Quatre pommes sur une nappe, achevé un mois plus tard, en décembre 1947, démontre qu’il a non seulement absorbé ces éléments des deux maîtres modernes avec un succès encore plus grand, mais qu’il a également amené son dessin dans un territoire plus conceptuel.
D’un point de vue technique, un examen attentif de Quatre pommes sur une nappe révèle que le dessin n’est pas exécuté uniquement à l’encre noire mais avec des taches bleues et brunes également. La méthode consistant à regrouper de courts traits de stylo à certains endroits, comme un amas de filaments de fer magnétisés, s’est développée à partir d’un traitement similaire de craies de couleur sur papier que FitzGerald a développé au début des années 1940, comme par exemple dans Jug on the Window Sill (Jarre sur l’appui de fenêtre), v. 1943.
Quatre pommes sur une nappe brouille la frontière entre la nature morte et le paysage. Au premier abord, les éléments de nature morte réalistes au premier plan semblent dominer, l’accent étant mis sur la pomme cézannesque. Son volume est créé par des transitions soignées de lumière réfléchie sur sa surface. La position de la pomme dans la composition est déterminée par des plans linéaires diagonaux qui suggèrent le motif à carreaux d’une nappe. Mais les diagonales amènent ensuite l’œil plus profondément dans l’image, où le fruit est plus abstrait, et où les plis de la nappe au centre suggèrent un paysage marin avec un coquillage, du bois de grève blanchi, du sable à la dérive et des vagues. En réunissant la nature morte en premier plan et l’évocation d’un paysage en arrière-plan, FitzGerald combine le figuratif et l’abstrait et se dirige vers l’abstraction pure qu’il pratique dans les années 1950.