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Les scieurs de bois 1894

Homer Watson, Les scieurs de bois, 1894

Homer Watson, Log-cutting in the Woods (Les scieurs de bois), 1894
Huile sur toile, 45,7 x 61 cm
Musée des beaux-arts de Montréal

Le tableau Les scieurs de bois représente deux bûcherons minuscules à côté des arbres qui les entourent et dont les branches et les feuilles s’étendent sur plus de la moitié de la toile. Les deux hommes s’affairant au sein d’un magnifique paysage illustrent la relation idéale entre les êtres humains et la nature en laquelle croit Watson : une relation d’interdépendance respectueuse. Dans cette peinture, inspirée de paysages que Watson connaît bien et traitant d’un thème communément associé à la vie rurale, les hommes récoltent le bois de la forêt, mais sans mettre en danger la santé du monde naturel.

 

Théodore Rousseau, Groupe de chênes, Apremont, 1850-1852
Théodore Rousseau, Groupe de chênes, Apremont, 1850-1852, huile sur toile, 63,5 x 99,5 cm, Musée du Louvre, Paris. 

Watson peint Les scieurs de bois avec les coups de pinceau fluides qui, en 1894, dominent son travail. C’est l’un des onze paysages qu’il présente à l’exposition du printemps 1894 de la Art Association of Montreal (AAM; aujourd’hui le Musée des beaux-arts de Montréal), où il remporte le prix de 100 $ pour le meilleur paysage ou paysage marin de l’exposition. « ll est bien possible que personne n’a eu autant de succès cette année que M. Homer Watson, R.C.A., déclare le critique du Montreal Gazette. Son travail est consciencieux, et il ne cherche pas à obtenir des effets faciles. »

 

Le critique du Metropolitan de Montréal est également impressionné et affirme que « la qualité de ses paysages est inégalée par tout ce qui se trouve dans l’exposition. Son travail est tout à fait original, et la couleur et la composition, charmantes. On pourrait l’appeler le « Rousseau » canadien. » On ne sait pas exactement ce que le critique anonyme du Metropolitan connaissait de Théodore Rousseau (1812-1867) mis à part le fait qu’il était l’un des artistes de Barbizon avec lesquels, à cette date, Watson était régulièrement associés dans les journaux et les périodiques. Comme le peintre canadien, Rousseau priorise les paysages locaux et les gens qui y vivent et y travaillent, ainsi qu’un rendu expressif des arbres (par exemple, Groupe de chênes, Apremont, 1850-1852). En outre, les deux artistes partagent la tendance à une application généreuse de la peinture, une qualité entièrement exposée dans Les scieurs de bois et qui incarne l’évolution de Watson; au cours des années 1890, il s’éloigne des panoramas très détaillés pour des toiles dans lesquelles la peinture, en tant que matière sensuelle, estompe de plus en plus les détails naturalistes.

 

Lors de son exposition en 1894, Les scieurs de bois est déjà la propriété de Donald Smith, premier baron Strathcona et Mount Royal. Smith est l’un des clients extraordinairement riches de Watson et l’un des collectionneurs d’art les plus enthousiastes et les plus réfléchis du Canada. Gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, président de la Banque de Montréal, cofondateur du Chemin de fer Canadien Pacifique et député, il incarne le genre de Montréalais riches et instruits qui est à l’avant-garde de la demande pour l’art de Watson. Montréal devait son milieu de l’art plutôt enviable à l’époque à trois facteurs principaux : le statut de la ville en tant que centre financier du Canada; l’AAM qui cultive l’intérêt d’un public averti au moyen de fréquentes expositions majeures d’art historique et contemporain canadien et européen; et l’épanouissement de la galerie d’art W. Scott & Sons, la galerie commerciale la mieux connue et la plus influente du pays.

 

 

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