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La mort d’Élaine 1877

Homer Watson, La mort d’Élaine, 1877

Homer Watson, The Death of Elaine (La mort d’Élaine), 1877
Huile sur toile, 78,1 x 106,7 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

La mort d’Élaine est l’une des premières grandes huiles de Watson. L’œuvre incarne son intérêt de jeunesse pour les thèmes romantiques et littéraires avant qu’il ne prenne la décision de se consacrer entièrement à la peinture de paysage. L’histoire est tirée de Idylls of the King (1859-1885) d’Alfred, Lord Tennyson, un recueil de douze poèmes inspirés de l’œuvre de Sir Thomas Malory, Le morte d’Arthur (1485), qui racontent la vie du roi Arthur et de ses chevaliers. Tennyson décrit comment le chevalier Lancelot est blessé lors d’un tournoi où il porte les couleurs de la fille de son hôte, Élaine, qui est éprise de lui. Il est soigné par Élaine mais, étant amoureux de la reine Guenièvre, il n’est pas en mesure de répondre à la déclaration d’amour d’Élaine. Peu après son départ, elle meurt d’un cœur brisé.

 

Gustave Doré, The Dead Steer’d by the Dumb (Le vieux serviteur muet et la morte conduite part lui), gravure sur acier par James H. Baker.
Gustave Doré, The Dead Steer’d by the Dumb (La morte conduite par le serviteur muet), gravure sur acier par James H. Baker. Publiée dans Alfred Tennyson, Elaine, Londres, Moxon, 1867, Victoria and Albert Museum, Londres. 

La peinture de Watson montre le corps d’Élaine qui flotte sur la Tamise jusqu’au château d’Arthur, Camelot. Elle tient une lettre qui révèle à Lancelot les conséquences de son indifférence à son égard. La nature du sujet (consacré à la chasteté d’Élaine et à sa mort tragique qui incarnent parfaitement les valeurs victoriennes), le château qui se profile à l’horizon et les nuages qui obscurcissent en partie la lune qui se lève baignent le tableau d’une atmosphère, et des symboles associés aux excès romantiques.

 

Il est largement admis que Watson a appris à dessiner en reproduisant des gravures, des eaux-fortes et des gravures sur bois, tirées des livres et journaux illustrés de la bibliothèque familiale. Bien qu’on reconnaisse depuis longtemps que la bibliothèque comportait au moins un livre illustré par le prolifique artiste du dix-neuvième siècle Gustave Doré (1832-1883), ce n’est qu’en 1976 qu’un étudiant de l’Université de Toronto a remarqué les similitudes entre La mort d’Élaine et la gravure de Doré intitulée The Dead Steer’d by the Dumb (La morte conduite par le serviteur muet).  L’image de Doré est le frontispice d’une édition d’Élaine publiée à Londres en 1867, dix ans avant que Watson ne réalise sa peinture. Il y a plusieurs différences entre l’illustration de Doré et la peinture de Watson, notamment l’interversion de la composition par Watson, le changement de l’angle à partir duquel on voit la scène, l’architecture légèrement modifiée de Camelot, le couvre-chef complexe du rameur et la décoration du bateau. Les similitudes entre les deux images sont cependant trop nombreuses et incontestables pour qu’il s’agisse d’une coïncidence.

 

 

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