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La petite ouvrière v. 1907

Helen McNicoll, La petite ouvrière, v. 1907

Helen McNicoll, The Little Worker (La petite ouvrière), v. 1907
Huile sur toile, 61 x 51,3 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

La petite ouvrière représente une jeune fille marchant sur le versant d’une colline, portant un seau métallique, son bras allongé pour équilibrer le poids de son fardeau. Elle est seule dans le paysage, à l’exception de trois poulets qui l’accompagnent; une barrière et un hangar sont tout juste visibles au sommet de la toile. La perspective adoptée par McNicoll est étonnamment moderne : le spectateur, placé au bas de la colline, lève les yeux vers la jeune fille alors que le paysage monte brusquement, créant un espace relativement peu profond dans lequel tant le récepteur que la fille représentée sont immergés. McNicoll utilise cette stratégie visuelle saisissante dans un certain nombre de ses œuvres, notamment dans The Humble Dwelling (L’humble demeure), v. 1907.

 

Helen McNicoll, Récolte de fleurs, v. 1911, huile sur toile, 76,2 x 63,5 cm, collection privée, Toronto.

Nina Lübbren soutient que cet effet d’immersion est une caractéristique commune aux œuvres produites dans les colonies d’artistes, rassemblant des peintres de la vie rurale à travers l’Europe vers le tournant du siècle. Un effet qui apparaît d’abord chez les peintres français de l’école de Barbizon et renverse l’imagerie paysagiste traditionnelle plaçant le récepteur de l’œuvre en position dominante sur une vue ininterrompue. Le traitement lumineux du champ ensoleillé par McNicoll dans La petite ouvrière accentue cet effet d’immersion. Les herbes semblent onduler sous la brise et les tons éclatants de jaune et de vert stimulent les sens du spectateur. On peut presque ressentir la chaleur du soleil, sentir le parfum du foin et entendre le bruissement du pâturage.

 

Les choix formels de McNicoll communiquent aussi le sentiment du dur travail de la jeune fille, nous rappelant la distance qu’elle a parcourue et la montée qu’elle devra affronter après ses tâches. Natalie Luckyj soutient que bien que les sujets paysans soient populaires, l’approche non sentimentaliste de McNicoll est inhabituelle en ce qu’elle ne rend pas la scène séduisante pas plus qu’elle ne la dramatise. La fille est entièrement vêtue, portant de lourdes chaussures et montrée en pleine concentration sur sa tâche, indifférente au regard du spectateur. La petite ouvrière est une des nombreuses œuvres qui représentent des jeunes filles au travail à la campagne, comme dans Gathering Flowers (Récolte de fleurs), v. 1911, et Picking Berries (La cueillette de baies), 1910. Elles soulignent le fait que le monde insouciant représenté dans bien d’autres peintures d’enfants de McNicoll – Picking Flowers (La cueillette de fleurs), v. 1912, par exemple – était loin d’être une expérience universelle.

 

La petite ouvrière est une des premières peintures à susciter des commentaires critiques quand McNicoll commence à exposer aux salons annuels de l’Art Association of Montreal, de la Ontario Society of Artists et de l’Académie royale des arts du Canada en 1906. Un auteur du Montreal Gazette la distingue comme « une jolie étude d’enfant, dans laquelle la lumière du soleil est bien rendue », alors que le Montreal Standard vante « l’excellente technique du traitement des lumières. »

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