En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Hommage à Van Dongen #1 (Sheila) 1978-1979

Greg Curnoe, Hommage à Van Dongen #1 [Sheila], 1978-1979

Greg Curnoe, Homage to Van Dongen  #1 (Sheila) (Hommage à Van Dongen #1 [Sheila]), 27 juin 1978 -23 novembre 1979
Aquarelle et graphite sur papier, 152,4 x 243,8 cm 
Collection permanente de Hart House, Université de Toronto

Greg Curnoe réalise en 1975 ce nu grandeur nature de sa femme Sheila dans la continuité d’une série de dessins à la plume. Il se distingue nettement de ses autres œuvres : on n’y dénote aucune déclaration politique, aucun texte, aucun dessin caricatural; il s’agit plutôt d’un portrait magnifiquement exécuté de sa confidente, son épouse pleine d’assurance. La posture de Sheila dans cette grande aquarelle évoque La sirène espagnole, 1912, de l’artiste fauve néerlandais Cornelis « Kees » Van Dongen (1877-1968), mais l’œuvre présente aussi des affinités avec les peintres modernistes français Édouard Manet (1832-1883) et Henri Matisse (1869-1954). Curnoe utilise un mode de représentation plus propre à la peinture avec sa juxtaposition caractéristique de motifs sur des zones plates et des couleurs complémentaires pour indiquer les ombres.

 

Art Canada Institute, Greg Curnoe, Cornelis « Kees » Van Dongen, La sirène espagnole, v. 1912
Cornelis « Kees » Van Dongen, La sirène espagnole, v. 1912, huile sur toile, 97 x 130 cm, collection privée.
Art Canada Institute, Greg Curnoe,  Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre, 1983
Greg Curnoe, Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre, 1983, aquarelle, crayon et stylo à bille sur papier vélin, 193,3 x 175 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

La réalisation d’une aquarelle grand format pose des défis particuliers. Contrairement à la peinture à l’huile, les altérations peuvent être très visibles à cause de la transparence de la matière. Curnoe manifeste son inquiétude dans son journal une fois son tableau achevé : « Sheila s’oppose farouchement au visage sur le grand nu […]. Que devrais-je faire? Le tableau la représente. Elle a son mot à dire & c’est une collaboration. Il est terminé et est évalué à plus de 10 000 $ […]. Est-ce que je prends le risque de le gâcher? » Finalement, Curnoe ne retravaille pas le visage. Même si Sheila ne juge pas le portrait ressemblant, elle est ravie lorsqu’il est acheté presque immédiatement pour la collection de Hart House à l’Université de Toronto.

 

Curnoe n’est pas étranger à la controverse, mais il est vraiment blessé par les critiques portant sur d’autres portraits semblables de Sheila lorsqu’ils sont exposés à Vancouver en 1982. Soudainement, ses nus attirent les foudres des féministes. L’historien de l’art Serge Guilbaut l’accuse d’objectiver et d’exploiter sa femme tout en rendant hommage au peintre fauve mineur Van Dongen. Il réagit immédiatement en peignant un autoportrait nu grandeur nature à l’aquarelle – What’s Good for the Goose Is Good for the Gander (Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre), 1983 – qui fait maintenant partie de la collection du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa. Cette œuvre est troublante : l’artiste nous fixe, les genoux cagneux. Il semble flotter devant un arrière-plan de cercles multicolores qui rappellent le style de l’artiste français Robert Delaunay (1885-1941).

Télécharger Télécharger