Passionnément et fièrement canadien, Greg Curnoe crée des œuvres à partir de la matière brute de son quotidien. Il refuse catégoriquement de déménager dans « le centre » — Toronto ou New York — et c’est de chez lui à London en Ontario qu’il joue un rôle prépondérant pour favoriser et développer un milieu créatif qui inspirera d’autres artistes des environs à trouver leur propre voix et à mettre le régionalisme de London sur la carte. Curnoe provoque souvent des débats, avec son art comme avec son militantisme.
Le régionalisme de London
Greg Curnoe se situe, sans conteste, au cœur du mouvement connu sous le nom de régionalisme de London. Dans cette ville qu’il qualifie de « trou perdu », les ateliers successifs de Curnoe réunissent un groupe d’artistes qui se soutiennent mutuellement tout en développant chacun le style qui lui est propre. Même s’ils utilisent parfois le mot « régionalisme » pour décrire leur pratique, il ne fait aucune référence aux autres mouvements du même nom autour du monde. Curnoe cherche à ancrer son travail dans une culture locale et authentique — ses expériences quotidiennes avec son environnement — plutôt que dans le dernier courant international en vogue. Comme il l’écrit en 1963 : « Pour nous, le régionalisme n’est pas un stratagème, mais plutôt un nom collectif pour englober ce que tant de peintres, écrivains et photographes ont utilisé — leur propre environnement —, quelque chose que nous ne faisons pas très souvent au Canada. »
Curnoe participe à la création d’un magazine et d’une galerie auxquels il donnera le nom de « Region », mais expliquera par la suite qu’il ne connaissait pas le mouvement de régionalisme américain des années 1930 : « Il est complètement faux de prétendre que le milieu artistique de London, en plein essor, était issu du régionalisme américain. » C’est Heart of London, une exposition marquante organisée par la Galerie nationale du Canada en 1968 (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada), qui consolide le nom du groupe dans la conscience du public. Elle fera une tournée de petites villes canadiennes avec, en plus des œuvres de Curnoe, celles de John Boyle (né en 1941), Jack Chambers (1931-1978), Murray Favro (né en 1940), Bev Kelly (née en 1943), Ron Martin (né en 1943), David Rabinowitch (né en 1943), Royden Rabinowitch (né en 1943), Walter Redinger (1940-2014), Tony Urquhart (né en 1934) et Ed Zelenak (né en 1940).
Avant que le régionalisme de London soit très connu, toutefois, Curnoe est le plus souvent l’âme au cœur de l’effervescence innovatrice qui réunit ces artistes. En février 1962, il organise The Celebration, une manifestation d’inspiration dadaïste qui fait sensation dans cette ville ultraconservatrice. Les artistes torontois Michael Snow (né en 1928) et Joyce Wieland (1930-1998), le photographe Michel Lambeth (1923-1977) et l’expert en dadaïsme Michel Sanouillet participent à ce happening, le premier au Canada, qui comprend plusieurs événements, notamment l’érection d’une énorme construction faite de retailles de bois, des tableaux vivants et une courte bataille de bouteilles d’eau.
Greg Curnoe est à l’origine d’une autre innovation : la création en 1962 d’un centre d’artistes autogéré à London, la galerie Region, afin que ses collègues et lui puissent exposer leurs propres œuvres sans le regard d’un conservateur et à l’extérieur des murs des établissements publics. Il joue également un rôle de chef de file dans les galeries 20/20 et Forest City. Il explique : « La galerie 20/20 se voulait une option au musée d’art local […] et on y exposait des œuvres qui n’auraient jamais été présentées là-bas ni dans les galeries commerciales de la région. » C’est l’avènement des galeries alternatives de London qui incite en 1967 le Conseil des arts du Canada à financer des centres d’artistes autogérés similaires d’un bout à l’autre du Canada.
En 1963, Curnoe fonde le Parti nihiliste du Canada, sans programme électoral ni candidats, et inscrit ses amis comme membres. Après l’élection, Curnoe et ses comparses continuent à se servir du Parti nihiliste comme prétexte pour s’amuser et rencontrer des gens. En 1965, il réalise No Movie, un court métrage sur l’histoire de ce parti. Des amis jouent du gazou pour la bande sonore et sont probablement à l’origine du Nihilist Spasm Band qui utilise des instruments modifiés et faits maison : gazou, mégaphone, contrebassine, guitare, batterie et basse. À partir de 1966, le groupe se produit régulièrement, les lundis soirs, à l’hôtel York, à London, et aujourd’hui, on peut encore voir le Nihilist Spasm Band à la galerie Forest City.
Les artistes de London sont à l’origine d’un organisme qui aura un impact d’envergure nationale sur les droits de l’ensemble de leurs confrères et consœurs. En 1968, Jack Chambers (1931-1978), Kim Ondaatje (né en 1928) et Tony Urquhart (né en 1934) mettent sur pied le Canadian Artists’ Representation/Le Front des artistes canadiens (CARFAC) pour voir à ce que les artistes soient rémunérés équitablement lorsque leurs œuvres sont reproduites ou exposées. Curnoe, l’un de ses premiers membres, soutient cette initiative et travaille aux niveaux local, provincial et fédéral pour défendre les droits des artistes canadiens. John Boyle déclare : « Chaque artiste du Canada peut le remercier chaque fois qu’il ou elle reçoit un cachet pour une exposition. »
La quête de soi
L’artiste canadien Alex Colville (1920-2013) déclare un jour : « Le seul fait de prendre la décision de devenir artiste suppose que nous sommes égocentriques. Nous partons du principe que notre vie est intéressante ou que nous avons quelque chose à dire sur la vie. » L’ensemble de l’œuvre de Curnoe est un genre d’autoportrait; une autobiographie peinte, imprimée, assemblée ou écrite qui met parfois l’accent sur des détails obscurs, des passions et des inquiétudes liés au quotidien. Sa présentation très publique de cette évolution — le répertoire précis d’un homme dans sa région et de ses intérêts personnels, de ses politiques et de ses autoportraits — est un apport considérable à l’art canadien.
Greg Curnoe s’intéresse à la figure humaine dès l’âge de dix ans, époque où il dessine des caricatures des membres de sa famille. Plus tard, il peindra les filles qu’il voit par la fenêtre de son atelier, des copains (particulièrement ses petites amies), sa femme et ses enfants. Son principal sujet d’intérêt demeure toutefois lui-même.
Des années 1950 jusqu’à la veille de sa mort, Curnoe exécute de nombreux autoportraits, probablement inspiré par l’artiste régionaliste britannique Stanley Spencer (1891-1959) dont il admire beaucoup l’œuvre, notamment ses autoportraits.
La plupart du temps, Curnoe peint des portraits en buste, particulièrement pour plusieurs séries d’aquarelles qu’il réalisera plus tard dans sa carrière, dont douze œuvres de 1980 où on le voit porter une casquette ou un casque de vélo. Il signe aussi des autoportraits en pied, comme Myself Walking North in the Tweed Coat (Moi-même marchant vers le nord dans le manteau de tweed), 1963, Middle-Aged Man in LCW Riding Suit (Homme d’âge mûr dans une tenue de vélo LCW), 1983, et le nu What’s Good for the Goose Is Good for the Gander (Ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre), 1983. Toutefois, à la différence de la plupart des autres artistes, Curnoe ne se représente jamais devant un chevalet, pinceaux et palette à la main, pour évoquer sa profession.
Au cours des deux dernières années de sa vie, parallèlement à ses recherches sur les langues autochtones, il entreprend une série de plus d’une vingtaine de petits autoportraits textuels où figure le pronom « je » imprimé avec des timbres dans différentes langues qui lui sont chères : l’anglais, le français, l’ojibwé, le cornouaillais et l’oneida. Sur l’œuvre qu’il réalise le soir précédant sa mort, la dernière d’une série, on lit « i:? ». Jusqu’à la toute fin de sa vie, Curnoe cherchera son identité.
Périodiques alternatifs
Greg Curnoe est avant tout un artiste, mais les mots sont importants à la fois comme éléments de ses œuvres et comme prolongement de sa pratique. On lui doit la conception et le lancement de quatre périodiques alternatifs qui donnent un espace d’exposition et de discussion à l’extérieur des médias grand public. De 1961 à 1990, Curnoe publiera dix éditions du petit magazine Region dont il est l’éditeur fondateur et le rédacteur en chef. Inquiété par l’érosion graduelle de la culture canadienne, Curnoe publie en 1974 avec Pierre Théberge un numéro de The Review of the Association for the Documentation of Neglected Aspects of Culture in Canada, le catalogue d’une exposition documentaire d’objets d’art au London Public Library and Art Museum (maintenant connu sous le nom de Museum London).
Plus d’une décennie plus tard, Curnoe reçoit une subvention du Conseil des arts du Canada pour mettre sur pied la revue Provincial Essays. Huit éditions consacrées à la culture visuelle récente du Canada paraissent de 1984 à 1989.
Outre les périodiques, Curnoe produit des livres à exemplaire unique, qui sont pour lui des œuvres d’art à part entière et qui puisent eux aussi dans le dadaïsme et l’art conceptuel. Les deux ouvrages qu’il produit en 1962 — Rain, qui compte soixante et onze pages et The Walk, qui en a soixante-dix-huit — sont reconnus comme les premiers livres d’artistes au Canada. Curnoe en fabriquera plus d’une douzaine. Il considère probablement les livres comme une forme plus personnelle et plus « portative » pour travailler avec les mots et les images et comme dans le cas de ses tableaux, ils s’apparentent à un journal intime puisqu’il y consigne ses pensées et ses observations quotidiennes. Le plus connu est sans doute Blue Book 8 (Livre bleu 8), édité par Art Metropole en 1989. Dans ces pages, Curnoe se définit par la négative. Par exemple, il écrit 797 fois ce qu’il n’est pas, et termine par ces mots : « HABITUELLEMENT, JE NE SUIS PAS PARANOÏAQUE. JE NE SUIS PAS TOMBÉ DU CIEL POUR PLAIRE AUX FEMMES, JE NE SUIS PAS ILLETTRÉ NI REMBOURSABLE, MA GARANTIE EST ÉCHUE, JE NE SUIS NI COOL, NI HORRIFIANT, NI SAGE, NI CONSTAMMENT HONNÊTE ». Cette publication est le seul livre d’artiste de Curnoe qui ait été imprimé en plusieurs exemplaires, ce qui en fait un moyen peu coûteux de rendre son art accessible à un public plus large.
Toute cette activité incitera l’historien de l’art Barry Lord à décrire London comme « le centre artistique le plus important au Canada et un modèle pour les artistes établis ailleurs » dans un article paru en 1969 dans l’influent magazine Art in America.
Nationalisme culturel, controverse et censure
Greg Curnoe entreprend sa carrière d’artiste au début d’une décennie de changement et de tourmente au Canada et dans le monde, une période qui connaît la révolution sexuelle, la guerre du Vietnam, l’influence grandissante de l’impérialisme culturel et économique des États-Unis sur son voisin du Nord et le nationalisme canadien qui sont particulièrement pertinents pour son œuvre. Curnoe connaît bien les débats au sujet de l’impérialisme américain et de l’identité nationale canadienne qui sont livrés dans les médias et les ouvrages d’auteurs tels George Woodcock, Mel Watkins, George Grant et Léandre Bergeron. Comme Joyce Wieland (1930-1998), John Boyle (né en 1941) et d’autres artistes, Curnoe exprime sa passion pour son pays dans ses tableaux, ses articles dans les publications et les lettres qu’il adresse aux tribunes des journaux. Il croit que l’identité canadienne recherchée se situe dans les cultures régionales disséminées à travers le Canada plutôt que dans un sentiment d’appartenance unique et uniforme.
Son nationalisme ambivalent est manifeste dans son concept pour le gâteau soulignant le centenaire du Canada qui est servi lors du vernissage de l’exposition 300 ans d’art canadien à la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) à Ottawa en 1967. Dans beaucoup d’œuvres, Curnoe exprime visuellement, le plus souvent avec humour, des situations politiques du Canada, comme ses portraits de dirigeants ou encore ses œuvres qui posent des questions ironiques.
Pendant une certaine période, il menace les États-Unis avec son nationalisme culturel. Autrement dit, le revers de son patriotisme canadien est l’antiaméricanisme. Il admet qu’il est antiaméricain, mais il est important de comprendre qu’il ne s’oppose pas aux citoyens des États-Unis ni à certains aspects de la culture de ce pays (il épargne les artistes, les poètes, le jazz et les comics, par exemple). D’ailleurs, en 1970 il commande à l’Américain Bruce Nauman (né en 1941) une exposition pour la galerie 20/20. Il s’inquiète plutôt de l’«impérialisme culturel » qu’il observe avec la nomination d’Américains dans les universités et établissements culturels canadiens et avec les prises de contrôle d’entreprises par des Américains à London et un peu partout au pays.
En outre, lors de son premier voyage à New York en 1965, Curnoe est ébranlé par l’agression violente dont est victime un ami et il réévalue par la suite ses sentiments au sujet des États-Unis. Il refuse d’y exposer et, fidèle à ses principes, il déclinera plus tard un contrat alléchant pour concevoir la couverture d’un numéro du magazine Time. Dans le même ordre d’idée, il exclut de tous ses dossiers et bibliographies les références à la critique du Time sur l’exposition Heart of London de 1968.
Le patriotisme de Curnoe, jumelé à son anti-américanisme, suscite controverse et à censure. Le démantèlement de l’œuvre murale qu’il a conçue pour l’aéroport international de Dorval à Montréal à cause de sa teneur anti-américaine demeure un des exemples les plus connus de censure dans l’histoire de l’art canadien. Plusieurs mois plus tard, trois panneaux de 24 Hourly Notes (24 notes horaires), les 14-15 décembre 1966, sont retirés d’une exposition à Édimbourg en raison de mots « indécents ». Lorsque cette même œuvre est exposée à la Galerie nationale du Canada à Ottawa en 1970, un député demande au premier ministre Pierre Elliot Trudeau de la décrocher, mais l’œuvre reste en place. Ces deux situations génèrent une couverture médiatique d’envergure nationale, qui comprend notamment les réactions défensives de Curnoe.
Ultime ironie : vers la fin de sa carrière, Curnoe découvre l’attitude impérialiste de ses propres ancêtres britanniques. Il a sans doute acquis une meilleure connaissance de l’histoire des Premières Nations au Canada grâce à son ami et mentor Selwyn Dewdney (1909-1979), expert en pictographie autochtone. Curnoe s’intéresse à l’histoire des peuples autochtones au pays — ses œuvres font référence au chef métis Louis Riel et au héros chouanon Tecumseh, qui perd la vie près de London en 1813 lors de la bataille de la Thames —, mais c’est seulement lorsqu’il entreprend des recherches sur le passé précolonial de sa propriété du 38, rue Weston qu’émerge en lui une nouvelle compréhension de l’identité canadienne. Selon le critique littéraire et culturel Frank Davey, Curnoe « a la ferme conviction qu’à titre d’individu de race blanche, il a bénéficié directement des injustices dont ont souffert les peuples des Premières Nations et que ces bénéfices étaient largement occultés par l’“oubli” du Canada qui a fait fi du développement social des Autochtones et du fait qu’ils occupent le territoire depuis des milliers d’années. »
Legs et influence
Greg Curnoe jouit encore de l’estime de membres de la communauté culturelle de tous les horizons. À plusieurs égards, c’est lui le cœur de l’art à London. Chef naturel et accueillant, il influence les artistes de sa génération, et ceux qui suivront, en décidant de demeurer près de ses racines, et de créer de l’art basé sur son environnement et son expérience.
Les jeunes artistes sont toujours les bienvenus dans son atelier. Wyn Geleynse (né en 1947) se souvient d’y être allé à l’adolescence : « Greg m’a démontré qu’être artiste était un projet viable. » Il ajoute : « [Curnoe] prenait les choses que nous tenions pour acquises, des choses externes, et leur donnait une légitimité. On peut faire un travail qui a une pertinence universelle en s’ancrant dans le quotidien. Ce qui compte, c’est la façon de rassembler le tout. » Royden Rabinowitch (né en 1943), qui participe à l’exposition Heart of London avec Curnoe en 1968, insiste, dans une lettre adressée à Curnoe, sur l’importance des encouragements prodigués par ce dernier : « J’ai toujours cru, et je crois encore, que l’influence qui m’a touché et qui continue de me toucher encore est ma relation avec toi. J’ai toujours été rassuré et je le suis encore par ton approbation de mes adorables choses fabriquées avec des douelles de tonneaux et je pense toujours avec beaucoup de tendresse à ton atelier avec la photo de mon chausson aux pommes à moitié mangé, collée sur ta porte. »
Nous ne saisirons jamais l’ampleur de l’influence que les conférences et l’enseignement de Curnoe auront eus sur les artistes et les étudiants des quatre coins du Canada. Jamelie Hassan (née en 1948) et Robert Fones (né en 1949) font sa connaissance lors des cours d’art à la H. B. Beal Technical and Commercial High School et deviennent des amis intimes, comme l’explique Hassan : « Nos expériences impliquaient aussi de longues heures de débats et de discussions où nous nous opposions à “tout”. Relier les personnes les unes aux autres, aux idées et à la culture contemporaine canadienne est fondamental pour entretenir une amitié avec Greg Curnoe. » Parmi les nombreux autres artistes qui gravitent dans son orbite se trouvent Ron Benner (né en 1949), Andy Patton (né en 1952), Janice Gurney (née en 1949) et Greg Hill (né en 1967), qui se souvient : « En suivant son exemple, j’ai trouvé du réconfort dans la notion de fierté du lieu et de l’identité. Son nationalisme m’a étonné à l’époque, mais il était aussi légèrement enivrant. »
En 2011, l’artiste Paul Butler (né en 1973) présente The Greg Curnoe Bicycle Project au Musée des beaux-arts de l’Ontario à Toronto. La pratique artistique de Butler allie la création au développement de la communauté. Comme Curnoe, il s’intéresse au collage, aux listes et à l’assemblage de bicyclettes. Le 23 juillet 2011, Butler enfourche une copie du premier vélo Mariposa de Curnoe (son préféré) et parcourt les rues de London avec des amis et membres de la famille de Curnoe pour visiter des lieux importants pour l’artiste. La réplique du vélo est exposée au Musée des beaux-arts de l’Ontario avec des objets provenant des archives Greg Curnoe et du cercle chromatique de Butler « dans le style de Curnoe » où figurent les noms des personnes qui l’ont aidé dans ses recherches.
Organisée en 2013 à Museum London, l’exposition L.O. Today réunit Marc Bell (né en 1971), James Kirkpatrick (né en 1977), Amy Lockhart (née en 1979), Jason McLean (né en 1971), Jamie Q (naissance en 1980), Peter Thompson (né en 1970) et Billy Bert Young (né en 1983). Leurs œuvres — textes, dessins caricaturaux, objets trouvés, constructions, livres d’artistes, cartes et zines — démontrent toute la dette qu’ils doivent à Curnoe. Ils s’en distinguent toutefois par leur approche collaborative, leurs thèmes, leur choix de couleurs et leur recours aux lettres tracées à la main plutôt qu’imprimées. Ces artistes considèrent le régionalisme de Curnoe comme une fondation sur laquelle ils se basent pour créer leur art singulier.
La mort prématurée et ironique de Greg Curnoe laisse un grand vide dans le tissu culturel de London, et probablement du Canada, qui n’est toujours pas comblé. Curnoe, ses idées, ses œuvres et sa carrière sont devenues matière à légende.