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Black and Tan 1948

Black and Tan, 1948

Françoise Sullivan, Black and Tan, 1948
Performance
Costume de Jean-Paul Mousseau

Réalisée sur la musique du pianiste de jazz Duke Ellington, cette œuvre de danse cherche à capter le pouvoir expansif du mouvement. Sullivan rejette les mouvements strictement verticaux, sauts et pirouettes, qui sont la signature de la danse classique. Elle débute plutôt en déplaçant ses pieds au ras du sol, traçant la forme d’un huit. Le mouvement s’étend alors à tout son corps, circulant d’une partie du corps à la suivante, gagnant progressivement les mollets, les genoux, les cuisses, les hanches, la cage thoracique, les épaules, le cou et la tête. Son expression faciale est inusitée et contraste fortement avec celle caractérisant les danseuses classiques, traditionnellement impassible; quand le mouvement atteint le visage, Sullivan reste immobile, et faisant face au public, elle trace le huit seulement avec les yeux.

 

Françoise Sullivan exécutant Black and Tan, 1947.
Françoise Sullivan exécutant Black and Tan, 1948, photographe inconnu, archives de Dance Collection Danse, Toronto.
Françoise Sullivan portant le costume créé par Jean-Paul Mousseau pour Black and Tan, 1948.
Françoise Sullivan portant le costume créé par Jean-Paul-Mousseau pour Black and Tan, 1948, photographiée par Annette et Basil Zarov, archives de Dance Collection Danse, Toronto.

Son ami, le peintre Jean-Paul Mousseau (1927-1991), lui propose de créer un costume pour elle. Porté sur un justaucorps noir, il se compose de cordages entortillés autour de ses bras et de ses jambes et d’un corsage de jute peint de motifs abstraits. Une cape de jute fixée au dos de son costume tourbillonne autour d’elle. Sur la tête, elle porte une masse serpentine de corde brune. Le costume permet de rehausser les mouvements de Sullivan et lui donne l’apparence d’une chamane canalisant les énergies transcendantales vers le monde humain.

 

Black and Tan, d’abord présentée publiquement à la Ross House à Montréal en 1948, pendant un récital de chorégraphies de Sullivan et de Jeanne Renaud (née en 1928), considéré comme le premier événement de danse moderne au Québec. Elle évoque les premières rencontres de Sullivan avec la musique de jazz et la culture de danse afro-américaine, rencontrées à Harlem, alors qu’elle étudie la danse à New York au milieu des années 1940. Son titre provient de la composition de jazz créée en 1927 par Ellington, et réfère aussi à une expression alors utilisée dans le Sud des États-Unis pour désigner les bars où les Africains, les Asiatiques et les personnes de descendance européenne pouvaient se mêler, dans l’écoute de la musique et dans la danse.

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