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Autoportrait 1938-1939

Emily Carr, Autoportrait, 1938-1939

Emily Carr, Self-Portrait (Autoportrait), 1938-1939

Huile sur papier vélin collé sur contreplaqué, 85,5 x 57,7 cm

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Emily Carr peint cette œuvre, un de ses rares autoportraits, à l’époque de son soixante-septième anniversaire. Même si elle se relève d’une crise cardiaque subie l’année précédente, en 1937, il s’en dégage une impression de force. L’expressivité de ce tableau peut s’expliquer par cette déclaration qu’elle fait en décembre 1940 : « Je déteste faire des portraits. Plus un portrait est réussi, plus le portraituré doit se sentir nu et indécent. Un artiste qui reproduit de la chair et des vêtements, mais rien d’autre, est plutôt inoffensif, peu importe à quel point il le réussit. »

 

La palette vibrante et le traitement expressionniste qui dominent Autoportrait sont caractéristiques de son œuvre de la fin des années 1930. Ici, toutefois, plutôt que d’ouvrir et de dégager le sujet, le coup de pinceau révèle sa force intérieure alors qu’elle examine l’observateur, qui n’est autre qu’elle-même. « Peindre un autoportrait doit nous enseigner quelque chose à notre sujet », écrira-t-elle d’ailleurs sur cette forme de peinture.

 

Art Canada Institute, Emily Carr, Blue Sky, 1936
Emily Carr, Ciel bleu, 1936, huile sur toile, 93,5 x 65 cm, Art Gallery of Greater Victoria.
Art Canada Institute, Emily Carr, Dancing Sunlight, c. 1937
Emily Carr, Soleil dansant, 1937, huile sur toile, 83,5 x 60 cm, Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg, Ontario.

Vers la fin des années 1930, l’œuvre de Carr devient de plus en plus abstraite. Elle atteint le sommet de ses aptitudes en composition, en imagerie, en gestualité et en tonalité, sans oublier un souci des espaces négatifs et positifs qu’elle utilise métaphoriquement et formellement. Des tableaux de plus en plus expressionnistes, sensuels et incarnés — tels que Ciel bleu, 1936, et Soleil dansant, v. 1937 — poussent encore plus loin le pouvoir expressif de son coup de pinceau. Elle fragmente presque complètement l’image pour créer une réflexion ouverte et vibrante sur la force vitale qu’elle imagine au cœur de ces espaces forestiers.

 

Carr finit par découvrir que les sujets qui captent son imagination se trouvent dans les espaces solitaires — les toiles vierges — sur lesquels elle transpose les enjeux existentiels plus vastes qui la préoccuperont continuellement au cours de sa vie. Elle écrit d’ailleurs : « L’esprit est la vie éternelle. La vie progresse sans cesse. En peinture, le summum consiste à imiter ce mouvement spirituel, l’acte d’exister. »

 

 

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