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Allée des mâts totémiques 1907

Emily Carr, Allée des mâts totémiques, Sitka, 1907

Emily Carr, Totem Walk at Sitka (Allée des mâts totémiques, Sitka), 1907

Aquarelle sur papier, 38,5 x 38,5 cm

Art Gallery of Greater Victoria

Art Canada Institute, Emily Carr, Alaska Journal, page 35, 1907
Emily Carr, Journal d’Alaska, page 35, 1907, collection privée : « À l’approche du jour de notre départ de Sitka, nous nous sommes rendues au village autochtone et nous avons acheté une ou deux curiosités en souvenir de notre joyeux voyage et pour offrir à nos amis. »

Allée des mâts totémiques, Sitka illustre bien le niveau de maîtrise artistique atteint par Emily Carr au terme de la formation conventionnelle qu’elle a reçue au début de sa carrière à San Francisco et à Londres. Réalisée lors du voyage en Alaska qu’elle a fait avec sa sœur Alice (qu’elle a longuement raconté dans son journal et en croquis), cette peinture est importante, mais étrange. L’artiste est confuse à l’époque : elle collectionne des « curiosités », des objets fabriqués par les Autochtones, tout en s’efforçant de saisir les éléments conceptuels et stylistiques de leur culture.

 

De 1907 à 1910, Carr réalise une série de peintures qui révèlent le regard ethnographique qu’elle pose sur ses thèmes autochtones. Dans ces œuvres qui représentent des villages et leurs habitants, elle peint des mâts totémiques, des structures et, à l’occasion, s’attarde sur certains individus. Réalisé principalement à l’aquarelle, Allée des mâts totémiques, Sitka révèle les techniques naturalistes traditionnelles de composition, de style et de couleur qu’elle a acquises dans ses cours d’art. Elle représente un groupe de mâts tlingits et haïdas qui avaient été retirés de leur emplacement traditionnel pour être érigés dans un tout nouveau parc après avoir été exposés à l’Exposition universelle de St. Louis en 1904. Comme elle le notera plus tard dans son autobiographie, elle trouve que les mâts totémiques « n’étaient pas faciles à dessiner. Certains sont très hauts, ils sont sculptés de manière très élaborée, une sculpture profondément symbolique, qui accorde autant d’attention, sinon plus, aux attributs de la créature qu’à sa forme. L’Autochtone recourt à la distorsion, parfois pour remplir des espaces, mais le plus souvent pour exprimer des choses plus puissantes que s’il avait représenté la réalité – en gagnant en force, en poids, en puissance par l’accentuation ».

 

Allée des mâts totémiques, Sitka est un tournant pour Carr : encouragée par un artiste des États-Unis (que l’on croit être Theodore J. Richardson [1855-1914]), elle décide de poursuivre son projet de faire l’inventaire illustré des mâts totémiques et des villages autochtones de la province. Elle écrit : « Le peuple autochtone et son art m’ont profondément touchée… Lorsque je suis rentrée chez moi, ma décision était prise. J’allais photographier des totems dans leur village et en faire une collection aussi complète que possible. »

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