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Solitaire 1939

Bertram Brooker, Solitaire, 1939

Bertram Brooker, The Recluse (Solitaire), 1939 

Huile sur toile, 61 x 45,7 cm 

Musée des beaux-arts de Montréal   

Cette peinture évoque les préoccupations de Brooker envers certains enjeux sociaux, particulièrement sa compassion pour des individus qui ont été marginalisés : le sujet est un membre de la société qui est seul et qui n’est pas le bienvenu. Les éléments figuratifs sont combinés à l’abstraction, ce qui est maintenant une manière courante chez Brooker. Le visage de l’homme profondément tourmenté se tourne pour fixer le spectateur du regard, ce qui contraste fortement avec les formes quasi géométriques derrière lui. De plus, comme l’a noté Anna Hudson, les trois poteaux de téléphone s’estompent dans l’espace : « Leur rôle est de signaler l’absence de beauté dans la vie urbaine, et donc, d’harmonie dans l’ordre social. »  

 

Bertram Brooker, Phyllis (Piano! Piano!), 1934
Bertram Brooker, Phyllis (Piano! Piano!), 1934, huile sur toile, 101,9 x 76,5 cm, Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto. 

La première peinture à l’huile de Brooker qui nous soit parvenue, une œuvre sans titre de 1920, montre des mineurs qui se dirigent vers la fosse, et suggère que Brooker possédait un fort sentiment d’empathie à l’égard de la classe marginalisée. The Insulted and Injured (Les offensés et blessés), 1934-1935, (le titre est emprunté du roman de Fyodor Dostoevsky de 1861) constitue une douloureuse condamnation des conditions effrayantes dans lesquelles les membres de la classe marginalisée doivent vivre. Solitaire souligne également un principe important pour Brooker concernant la relation entre l’action sociale et la pratique artistique :  

 

Aucun homme sensible, qu’il soit un artiste ou non, ne peut demeurer calme devant les souffrances à une échelle aussi gigantesque que celles qui affligent 

le monde actuellement. En tant qu’homme, en tant que citoyen, en tant que membre de la fraternité humaine, l’artiste devrait être prêt à agir. Mais, en tant qu’artiste, il ne devrait pas prêcher. Car lorsqu’il devient un missionnaire, il cesse d’être un artiste

 

Nous ne savons pas sur qui Brooker a basé son personnage dans Solitaire. Dans certaines des œuvres abstraites de 1927-1931, il avait introduit des personnages qui ressemblaient à des humains. Plus tard dans sa carrière, il est devenu un superbe portraitiste. Dans Phyllis (Piano! Piano!), 1934, il peint sa fille assise de côté, au piano. Une curieuse tension est perceptible entre la fille, avec son visage empreint d’anxiété et ses mains aux doigts rongés, et le piano derrière elle. Phyllis regarde dans le vide, presque comme si elle réfléchissait au pouvoir de la musique qu’elle venait de jouer ou qu’elle était sur le point de jouer. Ses joues sont rouges, mais ses yeux suggèrent qu’elle a été en contact avec une force extérieure considérable. Dans le portrait que Brooker a réalisé du romancier Morley Callaghan en 1932, le sujet semble être sur le point de bouger vers l’avant, ce qui suggère que Callaghan est une personne dynamique et qu’il est mal à l’aise lorsqu’il est tout simplement assis sans bouger. Les portraits de Brooker ne résultent pas de commandes; peu nombreux, plusieurs d’entre eux ont été réalisés à titre de faveurs pour des amis. 

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