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Le Saint-Laurent 1931

Bertram Brooker, Le Saint-Laurent, 1931

Bertram Brooker, The St. Lawrence (Le Saint-Laurent), 1931  

Huile sur toile, 76,9 x 101,9 cm  

Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa  

Les lignes géométriques précises de cette toile créent ce que Brooker appellera plus tard « l’éveil d’un sentiment d’harmonie entre l’homme et l’univers. » L’inspiration est un moment mystique au sujet duquel Brooker écrit dans le poème « Silence » :

 

Il demeure debout, immobile 

à l’ombre de trois bouleaux argentés  

tout en regardant les eaux tout à fait calmes de la baie 

 

jusqu’à la rencontre harmonieuse des montagnes 

de l’autre côté des eaux blanchissantes 

et les sombres monticules de nuages rose coquille amassés

 

Lawren Harris, Afternoon Sun, North Shore, Lake Superior (Soleil d’après-midi, rive nord du lac Supérieur), 1924
Lawren Harris, Afternoon Sun, North Shore, Lake Superior (Soleil d’après-midi, rive nord du lac Supérieur), 1924, huile sur toile, 101,7 x 127,6 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.  

Il compose ce poème après avoir visité la région de Murray Bay (aujourd’hui La Malbaie) au Québec, durant l’été de 1931, à l’insistance de Lawren Harris (1885-1970) et A. Y. Jackson (1882-1974). Brooker dessine l’esquisse qui est à la base de cette œuvre au cours de ce voyage. Le paysage extrêmement simple, à l’intérieur duquel le ciel, les arbres, le fleuve, les montagnes et l’avant-plan sont représentés de manière géométrique, quasi abstraite, ressemble aux images du lac Supérieur et des Rocheuses de Lawren Harris durant cette période, comme Lake Superior (Lac Supérieur), v. 1924, et Afternoon Sun, North Shore, Lake Superior (Soleil d’après-midi, rive nord du lac Supérieur), 1924. Lorsqu’il voit ce tableau, Harris dit à Brooker qu’il n’aime pas les arbres.  

 

Peut-être que Harris croyait que Le Saint-Laurent était trop manifestement une imitation et possiblement une parodie. En 1931, Harris concentre tous ses efforts sur une transition vers l’abstraction, un mode d’expression pour lequel Brooker avait déjà connu beaucoup de succès. Par une œuvre comme Le Saint-Laurent, Harris voyait Brooker retourner à une forme d’expression dont il tentait lui-même de s’affranchir.  

 

Dans Le Saint-Laurent, le ciel, l’eau, les montagnes et les arbres sont figuratifs, mais Brooker les réduit à l’essentiel et, ce faisant, leur confère une apparence « de l’au-delà », surréelle. Brooker démontre qu’il peut utiliser la tradition figurative et lui insuffler une essence spirituelle. Ainsi, il crée une œuvre qui s’inscrit très bien dans la tradition du Groupe des Sept, et qui a été exposée dans le cadre de l’exposition du Groupe en 1931.  
 

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