Figure agenouillée 1940
Cette peinture combine avec succès la figuration et l’abstraction, comme le font plusieurs des œuvres tardives de Brooker. La figure féminine et une partie de l’arrière-plan sont divisées en géométries quasi abstraites. La figure est autant un assemblage de formes abstraites que la représentation d’une femme nue en position accroupie. Elle habite simultanément deux mondes.
Au premier abord, la figure féminine semble d’abord être positionnée sur le bloc de départ d’un coureur, mais les formes à partir desquelles elle est composée créent l’illusion qu’elle se déplace vers l’avant. Ainsi, elle est représentée tant au présent (sur le point de courir) qu’au futur : le temps présent se dirige vers le futur. La femme est représentée de façon réaliste (il s’agit du temps objectif), alors que les formes quasi abstraites rappellent au spectateur que le temps est vraiment une entité subjective (ce qui fait référence au concept de « durée » d’Henri Bergson [1859-1941]).
La composition de Brooker ici rappelle Nu Descendant un escalier (no 2), 1912, de Marcel Duchamp, qui avait fait sensation à l’Armory Show en 1913. Une autre œuvre antérieure, Untitled [Crucifixion] (Sans titre [Crucifixion]), 1927-1928, de Kathleen Munn (1887-1974), l’amie de Brooker, a peut-être influencé sa représentation de Figure agenouillée. Tout comme Brooker, elle combine des éléments figuratifs et des formes abstraites pour représenter différents concepts qui permettent de percevoir et d’imaginer le temps.