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En mangeant du phoque à la maison 2001

En mangeant du phoque à la maison, 2001

Annie Pootoogook, Eating Seal at Home (En mangeant du phoque à la maison), 2001

Crayon de couleur et encre sur papier, 51 x 66,5 cm

Collection de John et Joyce Price

En mangeant du phoque à la maison donne un aperçu de la réalité quotidienne d’une communauté arctique. En même temps, l’œuvre capte l’attention du spectateur en ce qu’elle révèle une vie en transition. Dans ce dessin, une famille partage les fruits d’une chasse au phoque fructueuse. Le groupe de personnages est assis sur le sol, leurs jambes sont croisées et ils mangent de la viande fraîche et rose découpée d’un phoque éventré. Ils semblent heureux et prennent plaisir à partager et à manger ce repas ensemble. La communauté inuite a pour tradition le partage des produits de la chasse; le dessin représente donc une pratique traditionnelle qui se déroule dans un cadre moderne.

 

Annie Pootoogook, Three Men Carving a Seal, Three Women Cleaning (Trois hommes qui découpent un phoque, trois femmes qui nettoient), 2006, pastel à la cire et encre sur papier Ragston, 50,9 x 66,2 cm, Musée des beaux-arts de Nouvelle-Écosse, Halifax.

Le phoque, comme la viande de mammifères terrestres, le poisson et les baies, est considéré comme un aliment traditionnel dans l’Inuit Nunangat (la patrie des Inuits). Les Inuits s’asseoient généralement sur le sol pour consommer ces aliments, ce qui est nettement différent de la façon dont ils consomment les aliments (souvent transformés) venus du Sud, qu’ils achètent en magasin et mangent assis sur des chaises autour d’une table. Malgré les éléments de décor contemporains, Annie Pootoogook donne à voir au spectateur la force d’une tradition — la réunion familiale pour manger ou pour jouer, les convives installés en cercle sur le sol, comme elle le montre aussi dans Composition [Family Playing Cards], Cape Dorset (Composition [Famille jouant aux cartes], Cape Dorset), 2000-2001. Cette tradition est centrée sur le partage et les relations sociales. Le groupe est assis ensemble au sol, comme en opposition, peut-être, avec les meubles du fond.

 

Les premiers dessins d’Annie sont importants, car ils annoncent la magie des œuvres à venir, plus abouties. En guise de thème, la combinaison de l’ancien et du nouveau, ou de la tradition et de la vie contemporaine, est déjà présente dans les premières œuvres d’Annie, comme En mangeant du phoque à la maison. Si elle n’y déploie que peu ou pas la perspective linéaire, la composition constitue cependant une première tentative de la part de l’artiste d’expérimenter et de créer un intérieur donnant l’illusion d’un espace tridimensionnel. Le sol se présente sous la forme d’un carré plat, la profondeur étant mise en évidence par la disposition d’objets, dont un récipient à l’avant-plan, un téléviseur au plan médian et un canapé à l’arrière-plan. Les premiers dessins d’Annie initient également le spectateur à son iconographie. En plus de la télévision, l’artiste inclut un interrupteur, une lampe et des chaussures à la porte, en prenant soin d’accumuler des traces du quotidien dans l’espace. Ces traces sont récurrentes dans l’œuvre d’Annie; elles s’ancrent dans En mangeant du phoque à la maison qui est un important témoin de l’essor de son style.

 

Ce premier dessin est présenté à l’exposition collective The Unexpected (L’inattendu) tenue à la Feheley Fine Arts de Toronto en 2001. Les collectionneurs John et Joyce Price de Seattle, Washington, l’achètent sans attendre, fascinés par la façon originale dont Annie dépeint ce qu’elle vit. Ils ont constitué l’une des plus importantes collections privées des œuvres d’Annie.

 

 

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