Raga bleu 1967

Yves Gaucher, Raga bleu, 1967 

Yves Gaucher, Blue Raga (Raga bleu), 1967 
Acrylique sur toile, 122 x 122 cm
Musée d’art contemporain de Montréal, © Succession Yves Gaucher / SODRAC (2015)

Dans sa série picturale des Ragas — dont le titre témoigne de sa passion pour la musique indienne —, Gaucher continue d’appliquer les principes de base de sa série des Signals/Silences, mais il les structure à partir d’une ligne de base d’où s’élèvent en douce ascension les lignes « signaux » vers le haut du tableau libre de toute bordure limitative. Dans Raga bleu, les signaux verts et bruns flottent avec une telle hésitation dans le champ profond de son bleu intense qu’ils semblent à peine y toucher, pareils à des murmures sonores finement improvisés au-dessus du récitatif obligé de la bande verte.

 

Art Canada Institute, Album cover for Morning and Evening Ragas by Ali Akbar Khan
Pochette du disque, Morning and Evening Ragas, d’Ali Akbar Khan, le musicien préféré de Gaucher.

À partir de la série des Danses carrées, Gaucher élabore une palette très personnelle, recourant avec bonheur — en plus des plusieurs variations de rouge, jaune et bleu — aux verts, roses, beiges, bruns, violets et gris dans des juxtapositions inattendues et aux conséquences étonnantes. Dans la série des Ragas, Gaucher s’engage dans une direction différente de celle de ses contemporains montréalais, Guido Molinari (1933-2004) et Claude Tousignant (né en 1932), moins basée sur « l’objectivité » des rapports chromatiques, comme le formule Molinari, et s’orientant plutôt vers une immersion subjective dans les couleurs individuelles.

 

Les conséquences sont importantes. Les fonds monochromes des Ragas deviennent leur thème majeur. Les signaux et les bandes qui s’y inscrivent ne sont plus l’événement principal, mais servent à rehausser et à intensifier l’ampleur et la profondeur de la teinte de chaque tableau. Ces peintures sont plus lentes. Elles déploient leurs rythmes avec plus de discrétion et elles répandent une atmosphère de contemplation qui finira par s’imposer dans la longue série des Tableaux gris que Gaucher amorce en décembre 1967.

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