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3 barres noires 4 1964

Takao Tanabe, 3 barres noires 4, 1964

Takao Tanabe, 3 Black Bars 4 (3 barres noires 4), 1964
Acrylique sur papier, 59 x 79,7 cm

Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, Halifax

Dans les années 1960, lorsqu’il est de retour à Vancouver après un voyage au Japon, Tanabe continue d’explorer l’abstraction contemporaine dans une série d’œuvres sur papier, dont l’accomplie et énigmatiquement intitulée 3 barres noires 4. Dans cette œuvre, l’habileté de l’artiste se manifeste dans la vivacité d’une composition ne comportant que douze éléments peints en seulement deux couleurs, en plus du noir et du blanc. L’artiste établit un plan avec les deux lignes horizontales blanches qui cernent le haut et le bas de la page, puis il le nie en recourant à des lignes verticales noires qui avancent et des jaunes qui reculent. Cependant, nous ne lisons pas tous ces éléments de la même manière : la deuxième verticale noire en partant de la gauche semble se retirer tandis que le rectangle jaune, contenant l’élément blanc à droite, semble s’approcher.

 

Takao Tanabe, White-Eyed Monster (Monstre aux yeux blancs), 1952, huile sur toile, 61 x 121,9 cm, collection d’art de l’Université de Lethbridge.

Comme l’explique l’artiste, cette série d’œuvres est « un peu comme des aquarelles diluées avec beaucoup d’eau, sur du papier aquarelle ». Comme pour Storm (Orage), 1960, ces œuvres sont réalisées rapidement et sans hésitation, sans référer au paysage. Tanabe a suivi des cours de sumi-e et de calligraphie auprès de maîtres japonais lors de ses études à l’étranger. De retour au Canada, il adapte ses apprentissages pour développer ses œuvres abstraites avec de l’acrylique, un matériau à séchage rapide qu’il commence à utiliser plus largement lorsqu’il vit à Vancouver, au début des années 1960.

 

Tanabe joue avec nos perceptions de l’espace et des concepts autour de la matérialité du papier lui-même. Il y a à la fois un sentiment de planéité et de profondeur. L’explosion du pigment bleu à gauche, qui semble s’étendre vers l’extérieur, contrebalance les verticales statiques. En effet, l’ensemble de la composition est visuellement vivant et le regard saute d’un élément à l’autre.

 

Comme Tanabe l’explique plus tard, pendant cette période, il « s’intéresse à des façons de travailler, essayant de sortir de l’expressionnisme abstrait et de ses façons de voir ». En même temps, nous voyons clairement l’influence des idées de l’artiste germano-américain Hans Hofmann (1880-1966) sur le « push and pull [va et vient] » pictural dont Tanabe prend connaissance, d’abord indirectement par l’intermédiaire de son mentor Joseph (Joe) Plaskett (1918-2014), puis directement en prenant des cours de dessin avec Hofmann lui-même. L’œuvre 3 barres noires 4 rejette la marque gestuelle des premières compositions abstraites de Tanabe, comme White-Eyed Monster (Monstre aux yeux blancs), 1952, et Nude Landscape I (Paysage nu I), 1959, et met plutôt l’accent sur la géométrie dessinée à la main et l’application de couleurs en aplat. Il s’agit d’une œuvre de transition cruciale qui laisse entrevoir le style hard-edge qu’il explore à la fin des années 1960.

 

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