Homme pressé 1974-1976
Homme pressé, comme le suggère son titre, dépeint une figure dont la posture donne l’impression d’un rythme précipité de marche. Cette illusion est accentuée par la position des jambes et les éléments inclinés vers l’arrière qui suggèrent que la figure s’élance vers l’avant avec énergie et vitesse. Il s’agit d’un parfait exemple de la période des charnières d’Etrog qui s’étend sur presque toutes les années 1970. À cette époque, Etrog utilise abondamment le mécanisme à la fois en sculpture et dans ses tableaux, alors qu’il explore la représentation de forces opposées en se concentrant sur le problème de l’expression du mouvement sans motion véritable.
Dans Homme pressé, les jambes et les bras de la figure sont liés par des charnières visibles. Celles-ci représentent des articulations même si elles ne bougent pas. Comme toujours, Etrog est ici intrigué par les outils et le symbolisme du maillon, mais la charnière est unique en ce qu’elle offre la possibilité de lier des éléments à une surface plane, lui permettant pour la première fois de représenter des figures qui marchent. Avec cette sculpture, Etrog pénètre le territoire des sculpteurs de l’avant-garde italienne, notamment, le futuriste Umberto Boccioni (1882-1916) et le surréaliste Alberto Giacometti (1901-1966), qui ont tous les deux voué une partie de leur œuvre à la représentation de la forme humaine en mouvement. C’est également un clin d’œil à Walking Woman (La femme qui marche), 1967, de Michael Snow (né en 1928), une importante itération de sa série qui a été présentée, avec deux sculptures d’Etrog, à Expo 67.
Etrog nomme Homme pressé et d’autres œuvres semblables de cette période Extroverts (Extroverties), expliquant que la série « traite de l’espace ouvert et du mouvement implicite ». Cette idée est mise en évidence en 1976, lorsqu’une version de taille moyenne d’Homme pressé, ainsi que d’autres pièces extroverties – Pistoya [Mother and Child] (Pistoya [Mère et enfant]), 1973-1976, Steptease, 1976, et le monumental Piéton, 1974 – sont installées temporairement sur la place de Pistoia, la ville italienne où se trouve la fonderie Michelucci, là où Etrog moule ses sculptures. Situées sur la piazza à côté du baptistère médiéval, elles semblent appartenir au tissu urbain de la ville, comme si elles étaient intégrées au mouvement de chaque passant.