En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Complexes d’une jeune femme 1962

Complexes d’une jeune femme, 1962

Sorel Etrog, Complexes of a Young Lady (Complexes d’une jeune femme), 1962
2 exemplaires, bronze, 270 x 75 x 52 cm
Hart House, Université de Toronto

Complexes d’une jeune femme est un parfait exemple des sculptures biomorphiques d’Etrog inspirées de formes organiques. Cette œuvre, comme d’autres du début des années 1960, offre un nouveau regard sur le corps humain : une tige allongée qui occupe environ les trois quarts de la composition est surmontée de formes circulaires serpentines. Pour cette élégante combinaison, Etrog s’inspire plus encore d’objets tirés de la collection océanique du Brooklyn Museum, particulièrement dans la forme de spatules en tilleul provenant de la région de Massim en Papouasie-Nouvelle-Guinée, connues sous le nom de kena, qui sont dotées d’un manche fin et mince surmonté d’une extrémité plus large. De même, les formes biomorphiques explorées par Etrog rappellent celles du pionnier moderniste roumain Constantin Brancusi (1876-1957), mais aussi celles d’Henry Moore (1898-1986) et de Barbara Hepworth (1903-1975), des artistes actifs en son temps et dont les œuvres font partie de la collection de Sam et Ayala Zacks, les mécènes dévoués d’Etrog. 

 

Sorel Etrog avec Complexes d’une jeune femme, v.1962
Sorel Etrog avec Complexes d’une jeune femme, v.1962, photographe inconnu.
Spatules en tilleul (kena), 20e siècle
Spatules en tilleul (kena), 20e siècle, bois de tilleul, 33 cm (largeur), Brooklyn Museum, New York.

Concernant son passage à un style biomorphique et un accent sur une figure debout, Etrog écrit qu’il résulte de son désir « d’être libre d’utiliser des masses ou des poids importants sans les enfoncer ou les aplanir dans la base […] Je voulais que la forme s’élève de la base comme le tronc d’un arbre et que rien ne se produise avant un petit arrêt aux hanches, laissant la partie dramatique au sommet ». Ce format habite l’artiste dans plusieurs œuvres antérieures : Waterbury, 1961, une œuvre sculptée à la main, ainsi que Africana, 1960, et Blossom (Floraison), 1960-1961, des œuvres moulées, toutes créées à New York avant qu’Etrog déménage à Toronto en 1963.

 

Pendant les années d’Etrog au sein d’une école d’art américaine, le style dominant est l’expressionnisme abstrait, mais l’artiste insiste pour trouver sa propre voix, expliquant : « c’était le “isme” de l’époque, mais ça n’a pas affecté mon travail. J’étais déterminé à continuer dans un univers que je façonnais moi-même ». Complexes illustre comment Etrog se distancie de l’approche de sculpteurs tels que David Smith (1906-1965), qui se concentrent sur des compositions purement abstraites et utilisent de l’acier soudé pour leurs créations. En jouant entre l’art abstrait et l’art figuratif, et avec son insistance à modeler le plâtre à la main et à mouler avec le bronze, Etrog se distingue des tendances de son époque.

 

Avec Complexes, Etrog produit une œuvre conçue pour être vue en ronde-bosse. Les formes emboîtées du haut de la sculpture – les volumes pliés continuels qui gonflent et se détendent – incitent le spectateur à marcher autour de la sculpture pour en apprécier pleinement la complexité et le dynamisme. Faire le tour de l’œuvre permet d’exposer la composition en constante évolution des lignes, des formes et des structures. Complexes est une œuvre qui change selon chaque point de vue et chaque angle, démontrant le contraste entre l’immobilité et le mouvement, l’une des nombreuses oppositions explorées par Etrog pendant sa carrière.

Télécharger Télécharger