Série sur le pensionnat indien de Sandy Bay 2009
Cette série de vingt-quatre dessins est déclenchée, en partie, par un cauchemar au sujet d’un incident que Houle avait réprimé; le rêve s’est produit après son retour à Sandy Bay pour des funérailles en 2009. La déclaration officielle d’excuses du premier ministre Stephen Harper faite le 11 juin 2008, au nom du gouvernement du Canada aux anciens élèves, à leurs familles et aux communautés pour le rôle du gouvernement fédéral dans le fonctionnement des pensionnats indiens a également exercé une influence sur la production de l’œuvre. Houle a assisté à l’événement.
Les dessins incarnent trois sujets principaux : la cour de récréation de l’école, les lits en dortoir et les figures religieuses. D’un point de vue stylistique, ces œuvres s’écartent drastiquement des abstractions de Houle. Libres et spontanées, elles dégagent un remarquable sens du mouvement et de l’immédiateté en passant d’une image à l’autre, offrant des perspectives différentes, comme les images d’un film. « Mes dessins des pensionnats indiens parlent de ce qui m’est arrivé », a déclaré Houle, « sans le langage du jugement et du pardon ».
Cette œuvre très personnelle reprend les souvenirs de l’artiste de l’expérience des pensionnats indiens — des abus physiques, sexuels et spirituels. Des images de lits de dortoir, de croix et de silhouettes fantomatiques occupent les espaces dans les dessins, avec des inscriptions troublantes écrites de sa propre main, telles que « prédateur nocturne », « je suis pris au piège », « maltraitance dans les latrines », « terreur en voiture », « uhnuhmeahkazooh — faisant semblant de prier » et « peur ». Ces pièces témoignent avec force d’une période sombre et honteuse de l’histoire du Canada.
Pendant la création de l’œuvre, au fur et à mesure que ses souvenirs lui revenaient, Houle a parlé en Saulteaux et a immédiatement inscrit ces mots au crayon sur les dessins. S’étant vu interdire de parler sa langue maternelle au pensionnat, et réalisant que pendant des années il avait « pensé en anglais », il a reconnu que cette action était essentielle à un processus de guérison et à un acte de décolonisation. Houle considérait un dessin comme terminé dès que le souvenir d’une expérience le quittait. L’achèvement de chaque dessin signifiait pahgedenaun, « laissez-le quitter votre esprit », ce qui pour lui était un concept plus significatif que le pardon.